samedi 2 décembre 2000

Ta voie

 


"L'étoile"- Encre Indienne - [40X50] - Iso Bastier



Ta voie

 

Ne sois pas dans le vague,

Assez de ce silence,

Finis les coups de dagues,

Désormais on avance.

 

On prend sur soi de mûrir

Comme on apprend à marcher.

Au début il faut se garantir

Pour ensuite galoper.

 

Ne pas craindre de naître,

Préserver les jolis bonheurs

Qui accoutument au bien-être,

Tout en méprisant les leurres.

 

Il faut se comprendre

Pour paver son chemin.

Aux évidences se rendre

Et se prendre en main.

 

Peux-tu te faire confiance ?

Compter sur ton jugement ?

Ton instinct ? Tes déviances ?

Tes songes et tes serments ?

 

Où vont tes racines vivantes ?

Quel est ce monde que tu es ?

Qu'importe que tu te vantes

Si tu sais ce que tu fais.

 

Ne reste pas indécis,

C'est une errance profonde.

Écoute de ton cœur les bruits,

Ces palpitations fécondes.

 

Tu es cet arbre dans la forêt

Jouant dans les reflets du ciel,

Qui suce la force des engrais

De sa terre maternelle.

 

Ton énergie n'est pas vaine,

Elle construit au-delà de toi,

Du moins si elle est saine,

Si ta tête a un toit.

 

Il te faut travailler

Rien n'est gagné d'avance.

Il est si bête de railler

En attendant la Providence !

 

Que vois-tu ? Que veux-tu ?

Où vit ton enthousiasme ?

Tes angoisses ? Ta vertu ?

Et tous leurs pléonasmes.

 

Va te cogner pour avoir mal.

Caresse pour aimer la douceur.

Il y a en nous de l'infernal

Aussi de radiantes couleurs.

 

Trouve ton équilibre,

Ta voie, ton étoile, ta quête.

Sois juste et tu seras libre

Quelles que soient les tempêtes.

 

 

Iso Bastier

2/12/2000

mardi 17 octobre 2000

S'ouvrir

 


"Tiger Lilly" - Huile sur bois - Iso Bastier


S'ouvrir

 

Il est temps de s'ouvrir

Pour pouvoir recevoir.

Temps d'offrir des sourires

Pour qui veut bien les voir.

 

Rayonner doucement,

Plus d'agressivité

Qui fait serrer les dents,

L'harmonie méritée.

 

Il faut vouloir la vie

Pour ne pas la confondre

Avec l'asphyxie,

Peu à peu tu t'effondres.

 

Le temps de s'apprécier,

De connaître la paix.

Enfin se partager

Sans se perdre tout à fait.

 

Assumer sa douceur

Face à la colère qui monte

Mais se battre en vainqueur,

Ne jamais avoir honte.

 

Entre la plume et le vertige

Je vis l'intense paradoxe

D'un corps voué au vestige

Et d'un esprit d'équinoxe.

 

J'écris la main rebelle

Lors de nuits envoûtantes

M'offrant d'autres visuels

Aux pensées plus brillantes.

 

Assise dans la pièce jaune,

Mon chien collé à la jambe,

J'observe les jeux des faunes

Parfois je les enjambe

 

Ils courent, ils s'affolent,

Bruyants dans la masure.

Bougent les lumières lucioles

Où les ombres font démesure.

 

Le petit peuple s'agite,

Me souffle ses inquiétudes.

Je lui offre le gîte,

Notre monde est si rude !

 

Ils ont peu de manière

Quoique le cœur gentil.

Leurs voix sont particulières

Se sont de petits cris.

 

Ils envoient des messages

Dans notre noir de bruits.

Qu'importe qu'ils soient sages,

Ils ont droit à la vie !

 

Par nous trop ignorés,

Ils pensent à la révolte.

Ils aimeraient l'orée

De nouvelles récoltes.

 

Il est temps d'écouter

Les détresses qu'on clame,

Sans les prendre en pitié,

Ni les mettre en réclame.

 

Il est temps de s'ouvrir,

D'éclore au renouveau,

Pour ne pas se mentir

Par amour de l'ego.

 

Rayonner doucement.

Ne plus être excessif.

Aimer être vivant

Pour rester positif.

 

Iso Bastier

17/10/2000

mercredi 20 septembre 2000

Dès l'aube

 



"Origine"- [40X50] - Acrylique - Iso Bastier 


Dès l'aube

 

L'aube se lève devant moi.

Elle m'intime de progresser

M'enveloppant de sa soie,

De sa subtile luminosité.

 

Tel au jour de ma naissance

Où elle m'a ouvert les yeux,

J'étais aveugle quant au sens

Ignorant ce que serait l'enjeu.

 

Elle s'élève avec les oiseaux

Qui fêtent le retour du jour.

Elle scintille sur les cours d'eau

Métallique ou velours.

 

Elle s'adresse au monde

Le ramenant à la vie.

Sa fragilité nous inonde,

Nous sépare de nos nuits.

 

Qu'il fait frais le matin

Pour quelques idées neuves !

Rien n'est vraiment certain.

Nous attendent les épreuves.

 

Quels que soient le climat,

L'humeur et l'avenir,

Notre degré d'anonymat,

Il nous faut revenir.

 

Avancer d'un pas puis deux,

Aller-retour de nos efforts,

Selon la confiance que l'on a

Et ce que l'on tire au sort.

 

L'aurore fait de l'or

Sous l'horizon qui perle.

Le soleil prend son essor

Escorté du chant du merle.

 

L'aube nous renvoie à nous-mêmes.

Elle plante son rayon franc

Au cœur de nos problèmes

Juste au-dessus du flanc.

 

Combien de renaissances

Pour combien d'abandons ?

De retour en puissance ?

Comment se dire pardon ?

 

L'aube se lève encore une fois...

Mécanisme merveilleux !

Ouvre les yeux et vois

Ce que ton âme veut.

 

 

Iso Bastier

20/09/2000


samedi 8 juillet 2000

Mutation

 


"Naissance" - [55X38] - Huile - Iso Bastier 



Mutation

 

S'il suffisait de regarder le ciel

Pour s'élever, se soulever,

S'il nous poussait des ailes

Pour nous apprendre à s'envoler.

 

S'il suffisait d'avoir deux pieds

Pour rendre à la terre ses honneurs,

Se fondre à notre réalité

Pour qu'elle ne soit pas un leurre.

 

J'ai marché sur les chemins

Que mes visions avaient créés

N'y trouvant que des mains

Juste prêtes à frapper.

 

Que de ronces poussent ici,

Dans ce climat presque tropical

Des grandes villes d'asphyxie

Qui passent à l'heure végétale.

 

Les hommes comme les plantes,

Posés dans leurs appartements,

Se laissent pousser, fermentent

D'étranges comportements.

 

Ils en ont oublié le ciel

Qui a nourri quelques espoirs.

Depuis l'enfance artificielle

Ils ont appris à ne plus voir.

 

Ils en ont bafoué la terre.

Cœurs de béton, de ciment.

Serait-ce l'effet de serre ?

Ils dorment en vivant.

 

Dans cette crasse plus qu'animale

Qui ne laisse place à l'illusion,

Les croyances tendent vers le mal,

Les excès et la répression.

 

Tournés vers de futures saisons

Nous régressons pourtant sans fin.

Pensez aux grandes civilisations

Qui connaissent désormais la faim.

 

Nous croyons avoir des réponses

Qui mettent à mort le divin.

Mauvaises herbes et ronces

Ont elles aussi un destin.

 

S'il suffisait de regarder le ciel

Pour se faire un bel horizon !

C'est comme de balancer du sel

En cas d'affreuses prévisions.

 

Il faut avoir les pieds sur terre,

Savoir se servir de ses mains.

Donnant trop foi à la poussière,

Nous ne sommes plus humains.

 

J'ai rencontré des créatures

Qui ignoraient ce qu'elles étaient.

Il y a de toutes les natures,

Il y a de tous les déchets.

 

Nombre de métamorphoses

Peuplent la nuit de nos cités.

J'y ai vu souvent des choses

Qui m'ont fait regretter...

 

D'avoir connu la fange,

Ses galeries, son labyrinthe,

Ces endroits où tout dérange,

De l'horreur et des feintes.

 

Des corps endommagés

À la perdition des esprits

Qui ne sachant plus où s'échouer,

Tournent à l'infini

 

Dans le si peu d'espace

Qu'ils ont pu s'octroyer,

Qu'ils se tiennent en rapaces

Où se laissent noyer.

 

Certains ont vu le ciel

De si près à vrai dire,

Icares intemporels

Je les ai vu mourir.

 

D'autres, amants de la terre

Se sont plantés d'un coup

Souvent dans un cimetière.

Ils auront fait leur trou.

 

Je marche sur le chemin

Que ma vision vient de créer.

Je vis au jour de demain,

Le présent ne m'a pas maîtrisé.

 

J'évite souvent le lierre,

Les trop de générosité,

Ils cachent souvent la pierre

Comme seule vérité.

 

Il me suffit de regarder le ciel

Pour entendre ses messagers.

L'imaginaire est bien réel

Quand on parvient à le fixer.

 

Je retourne vers ces terres

Qui jugent sans compromission.

J'ai peur de savoir qui je sers

Au bout de tant de mutations!

 

 

Iso Bastier

8/07/2000

jeudi 4 mai 2000

Libellules




Libellules

 

Les rayons du soleil

Traversent les rideaux bleus.

On songe aux abeilles

Et autres insectes curieux.

 

Assis sur le parquet ciré

Qui sent le pain d'épice

Ou qui y fait penser

Par quelques artifices,

 

On imagine, là-bas, le ciel,

Qui est le même partout.

Sauf cas accidentels,

Il est là et c'est tout.

 

Petit vent doux de chaleur,

Frémissent les rideaux bleus.

Il doit être quatre heures

Mon estomac est creux.

 

Le silence existe aussi

Pour ces instants de quiétude.

Il s'introduit tel un ami

Qui vient offrir un interlude.

 

Qu'on se sent détendu

Dans la chambre abandonnée

Par tous ces malentendus,

Tous ces sommeils agités.

 

Je vais rejoindre le jardin

En passant par la cave.

Ça m'impressionne un brin,

L'adrénaline rend esclave.

 

Quoique bien réfléchi

Je passerai par derrière,

Les herbes auront déjà fraîchi

Sous une autre lumière.

 

On se retrouve dehors

Alors le monde s'agrandit,

On sautille, on sort

De la maison rétrécie

 

Qui pourtant telle une mère

Nous protège encore un peu.

Le potager, la jardinière,

Les arbres devant les yeux.

 

Il y a des bruits de partout,

Mais j'irai jusqu'au fond

Où je penserai au loup

Pour n'y faire qu'un bond.

 

Puis repartir en courant

Vers la fenêtre qui s'allume

Car il fait noir d'un coup franc,

On peut y laisser des plumes.

 

On va bientôt manger,

La maison se réanime.

Des odeurs sans âcreté,

On s'affaire en cuisine.

 

Je referme la porte

Sans me faire remarquer

Et remonte sans escorte

L' épuisant escalier.

 

Dans la chambre-jardin

Je m'allonge sur le sol,

La tête entre les mains,

Le regard qui s'envole

 

J'admire le crépuscule,

La rencontre des mondes.

Le temps en moi se bouscule,

La Terre n'est plus ronde.

 

Le long des rideaux bleus,

Je contemple la nuit.

La lune dans son halo creux,

Ses cratères et ses puits.

 

Mais voici qu'on m'appelle,

J'entends que ça hulule.

Je réponds en crécelle,

J'envoie des libellules.

 

 

4/05/2000

Iso Bastier


jeudi 6 avril 2000

Depuis l'enfance

 


"Code barre ou Code génétique"- Encre Indienne - Iso Bastier


Depuis l'enfance

 

Déjà depuis l'enfance

J'avais des rêves rares

Des accès de démence

Des visions sans hasard

 

Je repeuplais ma tête

D'images inconnues

Quand la magie inquiète

Lorsqu'elle ouvre les nues

 

D'immenses labyrinthes

De l'acier et du fer

Des peuples faits de feintes

Des centrales nucléaires

 

Déjà depuis l'enfance

J'avais songé beaucoup

Sur le monde en errance

Sur les hommes et les loups

 

Je repeuplais la terre

De races méconnues

Quand la magie opère

Lorsqu'elle vous met à nu

 

Le fantasme insolite

D'êtres couverts de lanières

De cuir répétant le rite

D'une tendance guerrière

 

Déjà depuis l'enfance

Je maîtrisais le ciel

Un peu trop en confiance

Je me sentais rebelle

 

Je recréais ma vie

D'images bien connues

Qui venaient de l'esprit

De la vie et des rues

 

De ces scènes qui suintent

Comme des combats de chair

De l'amour, des étreintes

Passion de la matière

 

Déjà depuis l'enfance

J'étais ce que je suis

Maladies et méfiances

Qualités et acquis

 

J'étudiais tant ma tête

Qui m'était imprévue

Je suis toujours en quête

De mon autre inconnu

 

Je l'invente au passage

De quelques suggestions

D'ailleurs il n'a pas d'âge

Là n'est pas la question

 

Déjà depuis l'enfance

Je voyageais dans l'ombre

Des nuits d'inconstance

Quel personnage sombre !

 

Un caractère inquiétant

Selon certaines sources

Ce qu'en pensent les gens

Indiffère mes ressources

 

Qu'en cas de dépression

En mon jardin intime

Entre mes impressions

Mes choix et mon estime

 

Vit ce monde en partance

Fait de sincérité où volent

Des oiseaux de faïence

Dessinés à même le sol

 

Ce monde de l'enfance

Où vit ma liberté

La désinvolte élégance

D'un humain protégé

 

On surgit de nul part

Du néant et voilà

Que l'on naît quelque part

Nous en sommes tous là

 

Iso Bastier

6/04/2000

samedi 25 mars 2000

Les faux hommes



"La femme escargot"- Huile - Iso Bastier 




Les faux hommes

 

Cessez les combats

Cessez les prouesses

Fini ce temps-là

Aussi ses promesses

 

Tout a valdingué

Dans la démesure

On a divagué

Deux poids, deux mesures

 

Arrêtons les frais

De nos prétentions

C'est la masse qui paie

Mais faites attention

 

Elle peut être sournoise

Derrière son air vague

Elle peut chercher des noises

Souvent elle fait des vagues

 

Cessez les tortures

Tant morales que physiques

Certaines hors nature

N'ont aucune limite

 

Pourquoi créer pour détruire ?

On a tant à protéger

On a toujours à découvrir

On pourrait même s'unifier

 

Il faut se redécouvrir

Réapprendre de nos passés

Faire une pause après courir

Après on peut se dépasser

 

Redevenons plus naturels

On nous a offert des merveilles

Mais tout devient artificiel

Les cœurs, les corps, les conseils

 

Avant qu'il ne soit trop tard

Trouvons le temps de réagir

La volonté et les dollars

Pour conserver un avenir

 

Avant ces faux hommes

Obsédés par la chirurgie

Ces scientifiques qui déraisonnent

Tous ces faussaires de la magie

 

Gardons réserve sur le mutant

On nous observe, on nous teste

Tels des animaux répugnants

Qu'on catalyse et qu'on moleste

 

Il faut trouver l'humilité

Pour refuser l'humiliation

Il faut pouvoir rester entier

Mon corps est encore ma maison

 

Je déclenche une alarme

Survie de l'humanité

À muter on perd ses armes

Le temps d'être modifié

 

À se transformer autant

L'humain va disparaître

Une civilisation au vent

Qui cessera de paraître

 

L’heure des métamorphoses

De la chasse à l'éternité

On souhaite changer les choses

En violant l'immortalité

 

 

Iso Bastier

25/03/2000


dimanche 5 mars 2000

La Ronde des esprits




La Ronde des esprits


Ils profitent de la nuit
Pour encercler mon lit.
Ils ne font pas de bruit
C'est l'art des esprits.

Ils se glissent dans ton rêve,
T’habituent à leurs présences,
Coulent sur toi comme sève
Nourricière, l'inconscience.

Quelquefois je les ai sentis
S'acharner sur mon crâne
Pour que mon âme soit sortie,
Quelquefois ils s’acharnent.

Ton sommeil en combat
Se transforme et alors...
Tout existe-t-il ou pas ?
Comment savoir quand on dort ?

Je vois des symboles lumineux
Me servir de repères,
Je les trouve sous mes yeux,
Phares perdus en pleine mer...

La houle me prend, soulève
Mon cœur sous les assauts
De ces créatures sans Ève
Qui assassinent mon repos

Là, qu'importe le temps
Qu'ils t'ont laissé sans paix,
Ils te lâchent encore vivant,
Déçus mais sans regret.

Ils te quittent, te relâchent
Et tu te sens vidé.
Tous tes membres te lâchent.
Ton réveil est forcé.

Ils profitent de la nuit
Mais au jour qui se lève
Ils te laissent sans répit
Au souvenir de ton rêve

Qui te suit, t'interroge,
Te laisse dans l'imprécis
Des règles qui dérogent
À ce qu'on t'a appris.

Cette autre dimension
Te met en roue libre
D'autres ressentis, visions,
T'offrent un nouvel équilibre.

Apprends vite l'intégrité
Car ils reviennent chaque nuit
Pour t'investir et te hanter.
Voici la ronde des esprits...


Iso Bastier
5/03/2000