jeudi 1 mai 2003

L’abstrait

"Personal cosmos" - Huile - [55 X 38] - Iso Bastier


L’abstrait

Tu es imprégné de ton passé
Au point que tout accélère.
Plus tu avances sur le sentier
Qui te mène à la lumière
Plus le monde te panique.
Ton rythme se décale.
Ton cœur joue une autre musique
Confuse dans ce dédale.
Tu es l’arbre qui patient
Se tient près de l’horizon.
Tu connais le prix du vivant
Au contact des froids frissons.
Tu n’acceptes enfin l’hiver
Qu’ayant protégé les moissons,
Dans l’œil une aura printanière.
Tu t’offres au vide de la passion.
Tu comprends mieux les oiseaux
Et leurs voyages étranges.
Tant attaché à ton berceau,
Tu regardes passer les anges.
Ton esprit d’insectes géants
Se calme sur les herbes folles,
Il ondule au gré des vents
Tel un tissu qui s’envole.
Tu veux le goût du soleil
A jamais mémorisé.
Un amour bleu dans une corbeille
Nature morte ressuscitée.
Posé contre la terre humide
Ton corps baigné par la rosée
T’offre les souvenirs avides
Des chaleurs qu’il a partagées.
Tu te sens soudain papillon.
Tu te sens soudain captivé.
Le partout devient ta maison,
Là meurt ta complexité.
Tu te détaches de la souffrance
Dès lors que tu vaincs la peur
Comme tu te dépasses dans l’enfance
Pour devenir encore meilleur.
Tu n’es que toi dans l’inconnu,
C’est à toi que tu fais face.
Tu décides l’instant venu
De tout ce qui se passe.
Tu rends grâce à la forêt,
Tu vibres en t’éloignant,
Nostalgique mais sans regret,
Jusqu’à te fondre dans l’abstrait
Dans les couleurs du temps.


Iso Bastier
1 mai 2003



samedi 19 avril 2003

Sosie

 


"Duo" - Encre - Iso Bastier


Sosie


L’époque de la lumière

Est révolue.

On garde les pieds sur terre,

On évolue

Mais le ciel s’est fermé.


Tu conserves un éclair

Dans ton œil

Toujours très grand ouvert,

Un brin d’orgueil,

Fierté de ton entier.


L’inconscience en mémoire,

L’instinct en guide, 

Tu marches dans le noir

Dans ta nuit qui se ride

En quête de toi-même.


Tu déchiffres un espoir

Tel un beau hiéroglyphe

Car ton cœur croit savoir

Ce qu’a connu Sisyphe,

Ce que les pierres entraînent.


Le goût de la puissance

Se tarit dès la source,

Le génie de l’enfance

Se vide telle une bourse,

L’or enfoui par le temps.


Quoiqu’il en soit tu avances,

Tu te bats comme un ours.

La vie te donne un sens,

Des épreuves, des ressources,

L’âme vivante du sang.


Tu sers un équilibre

En le cherchant sans cesse.

Tu songes à être libre.

Tu subis tes faiblesses.

Il t’est offert de douter.


Dans l’univers vibrant

Le monde est en détresse.

Qu’advient-il du vivant ?

La Terre n’est qu’une adresse

Avant d’y être enterré.


Les atomes de la poussière

Sont gris,

Autant de noir que de clair,

De l’infini.

Ils ont la couleur du silence.


Tu es ton ombre familière,

Ton seul ami,

Ta vague venue de l’amer,

Ton sosie.



19 04 2003

Iso Bastier


mardi 18 mars 2003

Sait-on pourquoi ?


"Alien soul" - Huile - [55 X 38] - ISO Bastier



Sait-on pourquoi ?

Sait-on jamais lorsqu’on revient ?
La route est longue et périlleuse
Personne ne maîtrise son destin
L’époque n’est guère chaleureuse.

La fourberie de l’insécurité
L’urbanisme contre la planète
Des humains froids, robotisés,
Des machines smart et coquettes,

Des enfants cernés et tristes,
Des adolescents abandonnés
Aux influences destructrices
D’adultes inquiets et pressés.

Les souffrances du passé,
Les angoisses du moment.
L’avenir ? Comment y songer ?
Pas même en rêvant.

Consomme pour être consommé.
Achète. Vends-toi et oublie.
La flamme fait se consumer
Puis souffler ses bougies.

Sait-on pourquoi l’on part ?
Pourquoi le chemin se trace
Dès que l’on naît quelquepart,
Là, dans tout cet espace ?

L’arôme piquant de l’horizon
Tendu telle une flèche,
Donne l’espoir d’une moisson.
Assez des récoltes sèches !

En quête de nouvelles contrées,
Enquête sur les têtes et les crêtes,
Conquête des cœurs rencontrés
Pour trouver son âme secrète.

Courir pour se rattraper.
Se presser pour perdre son temps.
Nous ne cessons d’évoluer
De renaissances en néants.




Iso Bastier
18/03/03