mardi 25 septembre 2007

Paris




Paris


Paris, ville défi,
Vélos, voleurs, vie,
Filles, sauveurs, sosies,
Festins et anémies,
Histoires sur les trottoirs,
Les avenues, les boulevards,
Réverbères, peur du noir,
Ruelles, pas, tortillards,
Lumières et opacités,
Passerelles, passagers
Grouille l’humeur de la cité.
Le carrefour, les messagers,
Les touristes, les tarots,
Les cafés, à l’extérieur les mégots,
Les brasseries s’animent bientôt,
Les bars font naître les ragots,
Les ragoûts, les affaires de goûts,
Les dégâts, les travaux, les égouts,
L’éboueur photographe,
Le taxi poète,
Le banquier chorégraphe,
Quantités d’étiquettes,
L’éthique, l’éther, l’Afrique,
Les rites, les ratés, les cliques,
Les barres, les barrés, le fric,
Chinatown, les boutiques,
La mode et le désordre,
Les people prêts à mordre,
Stress des agents de l’ordre,
Tirer, se taire, se tordre
Dans les bras de la capitale
De cette France sentimentale,
Fragile fleur occidentale
Qui a ouvert tous ses pétales.



Iso Bastier 
25 09 07

lundi 24 septembre 2007

Il n’y a pas


"Contemplation" - Huile - [41 X 33] - 23 04 99 - Iso Bastier


Il n’y a pas


Il n’y a pas de volonté sans désir,
Pas plus que d’intérêt sans plaisir,
D’évolution sans peur et propagation,
Pas de provocation sans réaction.

Le silence est une valeur sure,
Il fait pâlir les idioties,
Il effraie comme il rassure
Au gré de nos facéties.

Le bruit s’impose et circule,
Il se répercute en mouvements
Que les mauvaises langues manipulent
Pour mieux vous percer les tympans.

Il n’y a pas d’amour sans respect,
Pas plus que d’amitié sans confiance,
Pas de caresses qui fassent effet
Si l’esprit n’est pas en alliance.

Le jour est fait pour les marchands,
Tous ceux qui rêvent des étoiles,
Qui se lèvent pour faire de l’argent
Mais qui se coucheront à poil.

La nuit escorte les marginaux
En quête des soleils de minuit,
Ils s’égarent se croyant originaux,
Se réveillent vidés de leur énergie.

Il n’y a pas d’enfants sans avenir,
Pas de naissances sans passé,
Pas de vieux qui n’aient su grandir,
Ni de places à débarrasser.

La chaleur appartient au vivant,
Elle est comme un repos fragile
Pour ce corps qui se donne tant,
Une douceur, un échange subtil.

Le froid chante l’air du néant,
Il frissonne, tremble et se fige
Pour conserver toujours présents
En son sein nos derniers vestiges.



Iso Bastier
24 09 07

dimanche 23 septembre 2007

Colère




Colère


Avec la rage au ventre
Et l’œil rivé au sol,
Tu fonces vers le centre
Sans mettre de bémol.

Bien que très amoché
Tu avances volontaire.
On t’a tout reproché,
Là, tu sors prendre l’air,

Faire exploser les murs,
Descendre les immeubles,
Taire le dernier murmure,
Brûler photos et meubles,

Déchirer la toile obscène
Qui englue le quotidien,
Penché au-dessus de la Seine
Parce que tu crains les requins.

Tu fais claquer tes pas,
Tes pieds vont où ils veulent,
Rien ne les arrêtera
Piétinant ce jour veule.

Absurdité de la lucidité !
Ton corps ému frémit d’horreur,
Tes yeux connaissent l’humidité,
La nausée te vient au cœur.

Tu rechignes à marcher droit,
Ce que tu veux c’est courir,
Tenir debout est déjà adroit,
La difficulté est de s’y maintenir.

Conserver de sa dignité,
Encore prier l’horizon
De continuer d’exister
Du bitume jusqu’au gazon.

Hurler à gorge déployée
A s’en faire trembler la glotte
Pour que la ville soit effrayée,
Que ses ombres grelottent.

En vouloir à la Terre entière,
S’en prendre au premier venu :
Qu’il retourne en arrière !
Tu n’aimes pas les imprévus.

Feux d’artifice de nerfs,
Bouquets somptueux, lueurs,
Eclats de voix, éclats de verre,
La sauvagerie à ses heures.

L’animal méprisant la nature
Tourne en rond dans sa cage
Menaçant sa propre culture,
S’enlisant dans ses marécages.

Tu fuis tes fois, tu défailles,
Tu bascules, chutes, dérailles,
Tu te précipites dans tes failles,
Tu vocifères, tu geins, tu brailles,

T’égosilles… Ne te répond
Que ton écho angoissant
Qui seul ose et interrompt
La course folle de ton sang.



Iso Bastier
23 09 07

lundi 10 septembre 2007

Bout du monde


"Manipulation" - Huile - [55 X 46] - Iso Bastier


Bout du monde

Nous sommes revenus
Du bout du monde.
Toucher la peau nue
De cette Terre ronde.
Nous n’avons rien vu,
Que nos ombres derrière
Et devant l’imprévu,
L’horizon comme barrière.
Nous entendions nos pas,
Nous écoutions le vent
Sans crainte du trépas
Ni de l’auparavant.
Nous marchions silencieux,
L’œil accroché au chemin
Qui conduisait aux cieux,
Au soleil carmin.
Nous étions sauvages
Puis plus civilisés,
Restait à prévoir le partage,
Le goût du parcellisé.
Les batailles ont fait rage
Or on parlait d’amour
Pour se donner du courage
A défaut d’avoir de l’humour.
Traversant océans et mers
Nous naissions à l’aventure.
Peu respectueux de la mère,
Nous saccagions la nature.
Conquête de l’espace,
Du mouvement, du temps,
Toujours plus voraces,
Nous inventions l’argent.
Nos tribus s’affrontaient,
L’histoire de la survie.
On se bat pour ce qu’on est
Dans la vie d’aujourd’hui.
Généreux pour nous-mêmes
Dans l’alcôve du confort,
Nous fabriquons des problèmes,
Créons ce qui nous fait du tort.
Nos religions dictatures
Ont vaincus jusqu’aux croyants,
Restent les dieux-nourriture :
Coca Cola, Mac Do Giant.
L’œil carré des machines
Nous commande secrètement,
Nous fait courber l’échine,
Manipule les gouvernements.
Nous sommes revenus
Du bout du monde,
Nous étions des intrus
A l’imagination féconde.


Iso Bastier

10/09/07

samedi 8 septembre 2007

Le voyage amer


"Qui se ressemble" - Huile - [55 X 46] - Iso Bastier



Le voyage amer

Part en voyage ton cœur meurtri,
Endeuillé d’une partie de ton être,
Il bat désormais en horloge trahie
Par l’intemporalité qu’il voit naître.

En t’éloignant tu te rapproches
De l’angoisse que tu fuyais,
Elle fait partie de tes proches,
Même la distance, rien n’y fait.

Tu es obnubilé par une absence,
Une mère, une femme, une douceur,
Tu en oublies ta propre présence,
Hanté par ton espoir de bonheur.

Tu échappes à toi-même…
Tu dérapes. Tu te laisses aller
Mais pas comme on se promène,
Plutôt une amnésique volonté.

L’envie de tout larguer d’un coup,
Tout ce qui te pèse et t’écrase.
Tu préfèrerais vivre debout
Tandis que la société t’envase.

Tu pars comme pour te quitter.
Te dépasser, te surpasser peut-être,
Jusqu’à pouvoir te réinviter
Respectueusement dans ton être.

Sur la lame tu te blesses,
Le tranchant de ta réalité
Est une cruelle caresse
Moins velours qu’aiguisée.

Dans ce reflet d’acier amer
De tes pensées en errante folie,
Tes yeux vagabondent et repèrent
Un visage, une silhouette durcie.

Cette femme étrange que tu vois,
Qui t’émeut parfois aux larmes,
Elle pourrait, cette femme, être moi
Or tu ne fais que sortir tes armes.

Une douleur, un pincement affreux
Qui te lancine, qui te relance,
Cette envie d’avancer à deux,
Ton orgueil en fait une souffrance.

Tu veux tant te prouver
Que tu ne construis que tout seul,
Tu ne partages pas ton intimité,
Si ce n’est avec tes épagneuls.

Tu débordes d’amour martyrisé
Depuis cette idéale abstraction
Qu’enfant tu t’étais imaginée.
Tu te prives d’une nouvelle vision.

Tu te projettes au hasard des rencontres
Sur les corps les plus réjouissants.
Sur ces sourires qui se montrent
Peu à peu plutôt inquiétants.

Tu redoutes le doute, crains les recoins.
Un rien te déroute, un rien de paranoïa.
Tu continues de t’exalter néanmoins
Ne négligeant aucun débat, aucun ébat.

Ta complexe intelligence t’éprouve.
Le couple n’est pas qu’une dualité,
C’est l’autre en toi que tu approuves
Jusqu’à parvenir à l’aimer.

Que de chemins à parcourir
A ton cœur blessé et parti
Très loin pour se redécouvrir 
Aux confins de la belle Asie !

Plus tu t’éloignes, plus tu t’approches
De ce qui te manque vraiment :
Autre chose que des reproches,
Un soutien fort qui te fasse grand.



Iso Bastier
8/09/07







lundi 3 septembre 2007

TV



TV

Comment tes idées-comètes
Commentent-elles mes confidences 
De l’émission où elles émettent
A la télévision des indécences ?

Montre-moi ton Q.I. que je vois ton Q
Après t’avoir mis le point sur le I
Je reste encore convaincu
Par tes arguments les plus jolis.

Allume le feu dans mon poste
Mon quotidien est calciné.
Il est temps que je riposte
Pour ne pas m’enraciner.

La réalité gît dans la boîte
Je vis ce parfait artifice
Depuis ma pièce étroite
Où le jour n’est qu’un maléfice.

Subjugué par tes paillettes
J’apprends tes chorégraphies
Je ne parle pas : je répète
Je ne vois pas : je photographie.

Tes publicités me possèdent
Tu me règles telle une horloge
Des journaux télévisés qui m’obsèdent
Aux nuits du Loft où je loge.

Les beaux sourires-dentifrice,
Les actus et les documentaires,
Les seins neufs de l’animatrice,
Les séries, les spots, le transfère.

Les jeux, les millions, les voyages,
Les cartes postales du bonheur,
Projection de fabuleux mirages
Qui mettent du baume au cœur.

La musique, le flot des images…
L’aquarium-télé se remplit
De couleurs et de personnages
Qui ramènent faussement la vie.

Parer à la solitude. Faire face
A l’écran comme aux habitudes.
Contempler sa propre carapace
Dans l’intimité qu’autres dénudent.

TV – Télé – Télévision
L’art sacré du voyeurisme
Me fait changer d’opinions,
D’émotions, d’absolutisme.

Mon nouveau dieu m’immerge
Dans les contrariétés du monde,
Cette opacité qui m’héberge
Quand mon regard fuit les secondes.


Iso Bastier
3/09/07