lundi 30 décembre 2013

Les fous vivants


 "So many" - Encre - Iso Bastier


Les fous vivants

 

Qui ose donc porter le masque vertueux et terrifiant de la vérité ?

La mort seule car les vivants ne savent plus la mériter.

Qui ose s’affranchir des misérables chaînes du passé ?

Celui qui a trop souffert pour encore se retourner

Et contempler l’abîme des répétitions traîtresses.

Celui qui a tant marché, erré, qu’il ressent qu’il progresse.

L’aube n’est qu’une nuit qui s’étiole, un avorton du jour,

Un lendemain sans nom, un semblant de toujours.

Le crépuscule est une oppressante promesse ténébreuse,

Une fin minuscule aux pensées sombres et fiévreuses

Dont l’œil déjà mi-clos rêve de paysages inaccessibles,

Le corps las, abandonné aux soies de l’indicible.

Qui ose se révolter ? Payer le prix des âmes libres ?

L’onéreuse vacuité des chercheurs d’équilibre.

Des insoumis solitaires de l’incompréhension perpétuelle,

Qui refusent les mensonges de la beauté trop virtuelle.

Des fous biens vivants qui se nourrissent d’horizons

Dont les sages silences prévalent sur les oraisons.

Jamais ils ne se plaignent trop heureux d’exister

Dans ces hasards qu’ils essaiment sans perplexité.

La vie porte la bannière de l’insatiable curiosité.

Jeunesse éphémère vieillissant avec méticulosité.

La vie est un passage éclair avant de faire la place nette

Pour tous les amants épris de la peau de la planète.

 

 

Iso Bastier

30/12/13  

 

jeudi 28 novembre 2013

Cha



Cha

Des rivières de pleines lunes
Se jettent nues dans la mer
Une lumière peu commune
Une belle atmosphère…

L’arbre sur le rocher noir
Frissonne et chante le vent
Qui transporte ta mémoire
L’évade de notre temps

A trop fixer les feuillages
Qui se balancent doucement
J’aperçois ton aura, ce visage
Qui souriait souvent…

Et si mon cœur se serre
D’avoir connu le deuil
La nature en prière
T’honore de ses feuilles

Le peuple de la pierre
Te salue en dansant
Sur la mélodie de l’air,
Du sable et du présent

Ta guitare est posée
En phase aphasique
Elle peut se reposée
Elle connait la musique

Mon ami, mon frère
Idéaliste et écorché
Amoureux de la Terre
Qui un jour t’a porté

Tu es libre et serein
Beau pour toujours
Digne d’être humain
Digne de notre amour



Iso Bastier
28/11/13


dimanche 3 février 2013

Entre Nous




Entre Nous

Nous aurons passé la frontière.
Nous aurons vaincu les obstacles,
Voyagé autour de la Terre,
Consulté les oracles. 
Épaule contre épaule,
Nous aurons avancé la course
Menant à l’aube inconnue,
Fait bonne et mauvaise bourse.
Nous nous serons soutenus.
Qu’importe les couleurs de saison !
Les morales et les religions
Qui séparent plus qu’elles ne rassemblent !
Nous aurons vécu ensemble.
Nous aurons passé la frontière.
Nous aurons vaincu la jeunesse.
Parfois bon ou mauvais caractère
Mais entre nous rien ne presse.
Nous aurons eu de la présence
D’esprit de cœur et corps à corps.
Nous aurons tenu la distance
Tout en changeant de décor.
Il n’est nulle raison de le dire,
Les actes ont comblé les fissures
De nos âmes faites de souvenirs
Qui se dressent tels des murs.
Nous aurons passé la frontière.
Nous aurons vieilli sans n’avoir
Que l’autre en ultime repère
Aux confins des nuits noires.
Nous aurons bâti le quotidien
En charge de créer du bonheur,
En se tenant par la main
Pour une valse du labeur.
Nous sommes forts et fragiles
A la fois. Libres et contraints.
Sur le qui-vive depuis notre île
Où parfois le soleil s'éteint.
Les climats caressent ou fouettent
Les formes de notre amour.
Sache que jamais je ne regrette
De t’avoir rencontré un jour.


Iso Bastier
3 02 13