lundi 30 décembre 2013

Les fous vivants


 "So many" - Encre - Iso Bastier


Les fous vivants

 

Qui ose donc porter le masque vertueux et terrifiant de la vérité ?

La mort seule car les vivants ne savent plus la mériter.

Qui ose s’affranchir des misérables chaînes du passé ?

Celui qui a trop souffert pour encore se retourner

Et contempler l’abîme des répétitions traîtresses.

Celui qui a tant marché, erré, qu’il ressent qu’il progresse.

L’aube n’est qu’une nuit qui s’étiole, un avorton du jour,

Un lendemain sans nom, un semblant de toujours.

Le crépuscule est une oppressante promesse ténébreuse,

Une fin minuscule aux pensées sombres et fiévreuses

Dont l’œil déjà mi-clos rêve de paysages inaccessibles,

Le corps las, abandonné aux soies de l’indicible.

Qui ose se révolter ? Payer le prix des âmes libres ?

L’onéreuse vacuité des chercheurs d’équilibre.

Des insoumis solitaires de l’incompréhension perpétuelle,

Qui refusent les mensonges de la beauté trop virtuelle.

Des fous biens vivants qui se nourrissent d’horizons

Dont les sages silences prévalent sur les oraisons.

Jamais ils ne se plaignent trop heureux d’exister

Dans ces hasards qu’ils essaiment sans perplexité.

La vie porte la bannière de l’insatiable curiosité.

Jeunesse éphémère vieillissant avec méticulosité.

La vie est un passage éclair avant de faire la place nette

Pour tous les amants épris de la peau de la planète.

 

 

Iso Bastier

30/12/13