samedi 30 décembre 2017

Le règne


"Totem cuivré" - Iso Bastier



Le règne

Tu connais mon langage
Mais comprends-tu ma parole ?
L’esprit que les mots engagent
La pensée sous la parabole.

Tu apprends mes expressions
Tu les analyses en silence
Mais ressens-tu une émotion ?
Es-tu doté d’une conscience ?

Tu me singes. J’imite la Nature.
Je détruis la Nature. M’imiteras-tu ?
Les mathématiques sont matures
Sont-ce une écriture de plus

Ou l’avenir même du Verbe ?
S’ouvre une aube nouvelle…
Sera-t-elle plus sage ? Acerbe ?
Une civilisation plus virtuelle.

Je n’ai plus qu’à méditer…
(Tu te charges de l’intendance)
Analyser. Anticiper. Accréditer.
Trouver l’équilibre de la chance.

Qui suis-je aux manettes ?
Toi ? Déjà ? L’héritier légitime
Plus efficace que moi, plus Net
Mon faux frère, mon intime

Et froidement tu me regardes
Toujours prêt à courber l’échine
Quand tes calculs mettent en garde
Contre le règne des machines



Iso Bastier
30/12/2017


Garder Raison



"Elévation" - Huile - [80X80] - Iso Bastier


Garder Raison

Une infinité de vies
Sur des plans différents
On recommence, on redéfinit
Nos choix les plus importants

Des milliards d’existences
Autant de possibilités
Des morts et des naissances
Ne cessent de se décliner

Prison de la mémoire
Qui déforme les vérités
(Par peur du vide et du noir)
Complexée par l’éternité

Une infinité de vies
A faire et à refaire
Enfer de la technologie
Le changement accélère

Déménager de métier
Redevenir nomade
Les robots sur le chantier
Ne passent pas de pommade

L’intelligence artificielle
Change toutes les données
Nouvelle révolution industrielle
L’humain doit se recoordonner

Qui sera l’homme de demain ?
Où mènera l’obscur combat
Du dragon avec l’aigle américain ?
Sera-t-il davantage libre ou renégat ?

Qui sont les grands architectes
Qui trament notre avenir ?
Sont-ils sains dans leur secte
Ou doit-on contrevenir ?

Chacun doit se replacer
Dans ce monde de machines
Elles commencent par délasser
Mais à la fin elles dominent

A chacun de se questionner
Face aux reflets qui nous imitent
Sont-ils bien intentionnés
Où se posent les limites ?

Le mortel va prendre fin
Transferts d'esprits-logiciels
Cyborgs, clones... L'humain
Nouveau tend vers le ciel

Transformations profondes
Et remises en question
D'autres civilisations se fondent
Ici il faut garder raison 




Iso Bastier
30/12/2017




lundi 25 décembre 2017

Suicide

"Aurora borealis" - Huile - Iso Bastier



Suicide

L’humanité suicidaire
Se lance à corps perdu
Dans tout ce qui accélère
Ce processus éperdu

Consommation de poisons.
Dérèglement du cerveau.
Abêtissement. Confusion.
Maladies en réseau.
Troubles du comportement.
Surpopulation. Destructions
Des espèces, de l’environnement.
Guerres sans guère d’émotion. 

L’humanité suicidaire
Se lance à corps perdu
À la conquête du stellaire
Peut-être y a-t-il une issue ?

L’humanité regarde ailleurs
Cependant qu’elle se maltraite, 
Ignorant en elle le meilleur,
Cultivant son goût de la défaite.
Elle espère un jour échapper
A l’enfer qu’elle a fait naître, 
Sans tenter de se rattraper
Elle cherche à disparaître. 



Iso Bastier
25/12/2017




dimanche 24 décembre 2017

Temple végétal


"Chao ab Ordo" - Acrylique [40X50] - Iso Bastier 


Temple végétal

 

Un temple végétal

Au bord d'une rivière,

Des feuilles, des pétales

Te font une civière,

Un berceau de nature.

La caresse guérisseuse

D'un écrin de verdure

Pour secondes paresseuses.

Sous le ciel insoumis

Aux nuages vagabonds,

Béatement tu souris,

Ta bouche fait des ronds.

Galets, coulis de l'eau,

Mousses. Frisson du vent

Qui vient taquiner ta peau

Sans prévenir avant.

Un retour à la source.

Relaxation. Méditation.

Posé sur les ressources

De la planète-nation,

Tu absorbes l'été de miel

Offert chaleureusement.

Il rayonne comme le soleil

Pour réchauffer les gens,

Les caresse d'or et d'espoirs,

Les rassure avant la nuit,

Calme leur angoisse du noir

Par un bleu qui les éblouit.

Un temple végétal,

Un retour en arrière,

De la terre, du métal,

L'eau, le feu, la pierre.

Ton berceau, la nature

Productive et gracieuse

Fait face à ta dictature

Elle pourtant si généreuse.

Tu profites, enfant insouciant,

Repoussant les limites

De cette mère au cœur confiant

Qui t'enseigne quand tu l'imites.

 

 

Iso Bastier

24 12 2017


 

Qu'importe !

"Sacrifice" - Acrylique - Iso Bastier 



Qu'importe !


Ressens-tu le changement

Des secondes qui respirent

Créant d'étranges mouvements

Qui inspirent, qui expirent ?

 

Qu'as-tu sacrifié au système ?

D'être simple et sincère.

C'est le cadet de tes problèmes

La vie coûte tellement cher...

 

Ressens-tu le changement

Des secondes qui expirent

Créant des mécontentements,

Des râles, aussi des soupirs ?

 

Qu'as-tu sacrifié de toi-même ?

Ta nature et tes mystères.

C'est le cadet de tes problèmes

Ainsi tourne la Terre...

 

Ressens-tu le changement

Des secondes qui se méritent

Créant des espoirs incessants,

Les sacerdoces dont on hérite ?

 

Qu'as-tu sacrifié de ce que tu aimes ?

La liberté. Le fond de l'air.

C'est le cadet de tes problèmes

La vie passe en un éclair...

 

 

Iso Bastier

24 12 2017

 

jeudi 14 décembre 2017

Timoré


"The snake" - Huile - [41X33] - Iso Bastier 



Timoré

 

Étriqué, compliqué,

Réservé car timide,

L'esprit alambiqué

Fait le lac sans ride.

 

Silencieux, timoré,

Reculé et aride,

Le regard éploré

Ne lâche pas la bride.

 

Le ventre creux, serré,

Doigts et paume humides

Ne cesse pas d'errer

Telles des arachnides.

 

Gorge sèche, enrouée,

Feu, remontées acides,

Langue en papier mâché

Malgré un air placide.

 

Tu évites la vie.

 

 

 

Iso Bastier

14 12 2017

 

Chatte Noire





Chatte Noire

La nuit est féline
Sur les toits de Paris.
Ses lunaires rétines,
Ses pupilles agrandies,
Défient les silences
De courte durée.
Elle miaule résistance,
Un brin délurée,
Fumant les cheminées,
Taguant sa présence
Qu’on voit se dessiner
En transparence
Et soudain disparaître
Sans laisser de trace
Que l’aube à naître,
Ce rayon qui l’efface.
La nuit est câline
Sous les toits de Paris.
Les murmures se déclinent
Parfois jusqu’aux cris.
Elle miaule sa jouissance
Comme pour se libérer
Des jours d’impuissance,
Des heures à digérer.
Telle une chatte noire
La nuit joue avec toi,
Te donne de faux espoirs,
Te considère en proie.
Quand elle te relâche
Ce n’est pas sans griffe.
Elle te marque. Sache
Que tel est son tarif.



Iso Bastier

14/12/2017

dimanche 10 décembre 2017

Le Son



Le Son

 

Le son serpente en ville…

Boa mental qui nous étouffe.

Chaophonie. Esclaves serviles.

Tout ce bruit nous rend ouf !

 

Depuis quand le silence

Se paye-t-il aussi cher ?

Il est d’or, de brillance,

Donne dans la surenchère

 

Combien de bulles paradisiaques

Pour combien d’usines à bruit ?

Le silence rend paranoïaque.

Il nous met face à la vie.

 

Le Silence vient de l’Au-delà,

Présence obscure de l’inconnu.

La peur nous fait hurler… Voilà 

Pourquoi la musique continue…

 

Résonnent les tambours ancestraux

Tels des électrocardiogrammes,

Des nouvelles de nos signes vitaux

Avant de perdre 23 grammes.

 

 

 

Iso Bastier

10/12/2017

 

 


samedi 9 décembre 2017

Charlie



Charlie

 

Le ciel n'est pas assez vaste

Pour le voyageur de l'esprit,

Au corps fougueux, au cœur chaste,

Au regard vif et surpris.

 

Il prend les chemins de traverse,

Salue les arbres tels des frères,

Il danse sous les averses,

Encore en quête de mystères.

 

La Terre roule dans l'infini

De son œil bleu et rieur.

Terminus. Tu t'arrêtes ici.

Tu pars enfin pour ailleurs.

 

Dans l'immensité de son âme

Bohémienne et insoumise

Un reste d'énergie se pâme,

Une lueur s'économise.

 

L'univers entier est en émoi

Bien qu'indifférent à la livre sterling

Silencieux et doux comme la soie

Qui recouvre Charles Westling

 

Il flotte libre et insouciant

Au-delà du monde qui se voile

Dans l'espace qu'il ressent

Autant que toutes les étoiles.

 

Le ciel n'est jamais néfaste

Au voyageur de l'esprit.

Il tire un horizon plus vaste

Pour cet être si petit.

 

La Terre roule dans sa main

Comme une livre sterling.

Face je pars. Pile est pour demain

Sur la route de Charles Westling.

 

Son beau rire discret et sincère

Plisse ses yeux doux et sensés.

File sa silhouette singulière

D'être qui ne fait que passer.

 

 

Iso Bastier

9 12 2017


 

mardi 5 décembre 2017

L'appel de l'horizon

 


"La force physique"- Huile - Iso Bastier 



L'appel de l'horizon

 

L'appel de l'horizon

Parvient à mon oreille.

Il faut sortir de la maison,

Partir en quête des merveilles,

Avec un sac sur le dos

Et des rêves plein la tête,

Ne pas hésiter à tourner le dos

Pour que plus rien ne m'arrête.

L'appel de l'aventure

Résonne dans mes tripes.

Il faut tendre vers l'ouverture.

C'est parti pour le trip !

Avec le cœur sur la main

Mais en conservant sa tête,

S'engager sur le chemin

Des découvertes et des fêtes.

Langues étranges, drôles de coutumes,

Paysages infinis et grandioses,

Des cimes blanches aux écumes,

S'offrir le monde en symbiose,

S'offrir la Terre sur un plateau,

S'offrir le luxe d'exister,

Nomade dans ce qu'il y a de beau.

Camper dans l'acte de résister

Aux enracinements malsains,

Aux méconnaissances abruptes,

À l'asservissement du quotidien,

À cette société de brutes.

Flâner l'âme à tous les vents

Des possibles et du hasard,

L'esprit plus ami que conquérant.

Jamais de trop. Jamais en retard.

L'appel de l'horizon,

De l'avenir, de l'incertain,

M'envahit tel un frisson,

Remet en cause mes desseins. 

Je pars ainsi qu'on se libère,

J'apprends à déployer mes ailes

Pour mieux survoler les cratères,

Me confronter à l'essentiel.

J'apprends la remise en question,

À sortir du conventionnel,

À quitter le confort pour l'action

Pour marcher un temps dans le ciel.

 

Iso Bastier

5 12 2017




dimanche 3 décembre 2017

Elle chantonne

 


"Chouette Hypnotique"- Encre Indienne - Iso Bastier 


Elle chantonne

 

Elle chantonne pour elle-même,

Elle qui n'aime pas la musique,

Chante par-dessus ses problèmes,

Des mélodies uniques.

 

Elle claironne l'indulgence,

Elle qui a été tant critiquée

A appris de cette patience

Qui lui a souvent manqué.

 

Elle s'est affranchie des regards

Qui parfois vous paralysent,

Qui complexent votre espoir

Le tue avant qu'il ne se réalise.

 

Elle danse sous la pluie,

Elle crie dans la tempête,

Jamais elle ne s'ennuie,

Elle en a plein la tête.

 

Elle nourrit les canards,

Les cygnes et les oiseaux,

Les chauves-souris le soir

Et la nuit les lérots.

 

Elle voudrait plus de paix

De temps et d'insouciance.

Elle voudrait moins de mais

Et plus de tolérance.

 

Elle chantonne dans l'air

Aromatique de la cuisine

Et ce n'est pas pour lui déplaire

De faire danser les langoustines,

 

Nostalgie iodée de la côte

Sauvage et des cœur de granit.

Elle sait recevoir ses hôtes,

Elle s'inflige tant de rites.

 

Elle capture l'arc-en-ciel,

Elle rêve d'êtres-nuages

Qui comprennent l'essentiel

La protègent, la ménagent.

 

Elle chantonne comme elle aime

Avec légèreté et avec tact,

Par dessus tout et quand même

Dans le moindre de ses actes.

 

 

Iso Bastier

3 12 2017




samedi 2 décembre 2017

Reflets

 


"Nocturne"- Aquarelle - Iso Bastier 


Reflets

 

Dans les vagues nocturnes

Se brisent des diamants

Des étoiles aux anneaux de Saturne

Et la lune en reflets d'argent

 

La coque tangue doucement

L'air est doux et sensible

Le plancton phosphorescent

S'éteint puis redevient visible

 

Toucher, effleurer la surface

De l'eau opaque de la nuit

Cette peau sombre menace

De faire surgir des ennuis

 

Des monstres des profondeurs

Prêts à vous avaler la main

Le bras et jusqu'au meilleur

De ce qui était demain

 

Mais l'attraction subsiste

Après la peur vient l'envie

Car l'abstraction résiste

Ainsi progresse la vie

 

Plonger la main sous la surface

S'aventurer vers l'inconnu

Simultanément se faire face

Se découvrir sans retenue

 

Dans les vagues nocturnes

Scintillantes depuis la plage

Des étoiles aux anneaux de Saturne

À la lune moirée tel un coquillage

 

 

Iso Bastier

2 12 2017


samedi 25 novembre 2017

Le soir

 




"Pas si loin"- Acrylique - Iso Bastier


Le soir

 

Le soir voile nos pudeurs,

Depuis ces zones indistinctes

Qui apparaissent à pas d'heure,

Lors de visions restreintes,

 

Frémissent les ailes de l'âme

Comme les bras d'un arbre

Qu'un millénaire entame

Mais qui reste de marbre.

 

Flous dans le clair-obscur

Des lumières artificielles,

Nous prenons les mesures

Que le jour rendra irréelles.

 

Nous promenons l'animal

Nocturne à l'orée des secrets.

La nuit ralentit tel un signal,

Un faux jour, un fait exprès.

 

Dans la pénombre des recoins,

Nos ombres libèrent nos pensées

Celles que les tabous dressent avec soin,

Celles qui n'ont pas cours en journée.

 

Nous glissons de l'autre côté

Comme des soleils dans la mer

Curieux de ce qu'ils vont trouver

De l'autre côté de la Terre.

 

Nous coulons dans l'inconscience

Comme la cire molle des bougies,

Songeurs quant aux irrévérences,

Possédés par la transe du Boogie.

 

Les lunaires aussi blancs que la nuit

Dansent de façon spectaculaire,

Ils se démènent telles des furies,

Font des vagues tentaculaires,

 

Des remous, cherchant un remède

Contre les aubes fracassantes.

Ils s'offrent un intermède

Avant de rejoindre la pente.

 

Le soir décuple les ardeurs.

Or depuis ces feux de Bengale

D'où surgissent quelques lueurs,

On s'éprend de la martingale.

 

L'espoir renaît et enivre.

La vie reprend ses droits.

Après tout l'espoir fait vivre

Et le soir comprend ça.

 

 

Iso Bastier

25 11 2017

L'angoisse

 




"Les chats sauvages" - Huile - Iso Bastier


L'angoisse

 

Tu m'as frôlée de ta présence

Tu m'as touchée par ton silence

Soudain ma vision s'est décalée

Dans mon quotidien si bien calé

 

Du flou, des fleurs mauvâtres,

De petites fenêtres acariâtres

Prisonnières de murs aigris

Surplombés par ce ciel gris.

 

Tu as fait exploser le lierre

Qui s'accroche telle la misère.

Un premier rayon est entré,

Je me tenais dans l'entrée.

 

La lumière a tout inondé.

Aussi magique qu’une ondée

De miel, une pluie revigorante

De celles qui savent féconder.

 

Le monde a changé d'apparence

Avec délicatesse, en transparence,

La beauté refaisait surface.

Que rien d'autre ne la remplace !

 

Tu m'as marquée sans cicatrice.

Tu m'as sortie de la matrice.

La vie est sortie de sa boîte.

Elle s'adapte, fuse et s'emboîte.

 

Tu as fait repousser le lierre,

Lui qui peut avaler la pierre,

Recouvre mon jardin intime

Où tu cultivais le sublime,

 

Des flots de fleurs roses et rouges

Qui savaient quand la terre bouge.

Intérieur soigné, confort d'un tapis,

Un vase vide, un frigo bien rempli,

 

Que ta poussière a saupoudré,

Parquet ciré, rideaux poudrés.

Éternuement. Asphyxie lente.

Orage. Le début de la descente...

 

Le monde affichait sa démence

Avec cruauté et sans clémence.

Le quotidien refaisait surface

Quand chaque jour créait la glace.

 

Quand chaque jour créait l'angoisse...

 

 

Iso Bastier

25 11 2017