Féerie du malheur
J'aurais voulu comprendre
Le sens des saisons
Ce qu'il nous faut prendre
À l'heure des moissons
Ce qu'il faut savoir dire
À l'oreille des sourds
Comment le leur décrire
Trouver le bon discours
Je cherche le souvenir
De ce qu'était la lumière
Comme pour m'en recouvrir
M'en faire une chaumière
L'ombre est ici partout
À tel point qu'elle éteint
Tout ce qui vient de nous
Tout ce qu'était l'humain
Trop d'étroitesse
Agit sur les esprits
Les met en faiblesse
En souffrance, en soucis
C'est qu'on respire mal
Sans l'aube d'un horizon
Car tout semble bancal
Quand rien n'a de raison
L'amour en abandon
Devient une violence
Un abysse de passions
Un jeu de l'intolérance
L'oubli s'installe vite
Mais les blessures restent
Même quand on les évite
En retournant nos vestes
Les sentiments ici
Non plus libre cours
Hormis la nostalgie
Cachée sous des atours
Ourlés d'hypocrisie
Nos masques maquillés
Non pas d'autres récits
Que des vies falsifiées
J'aurais voulu comprendre
Le sens des saisons
Ce qu'il faut savoir prendre
À l'heure des moissons
Or voici qu'on ne cultive
Que tout ce qui détruit
Plus rien ne nous ravive
Plus rien ne nous sourit
Pas même les enfants
Qui n'ont plus dans le cœur
Que ce qui vient des grands
La féerie du malheur
Iso Bastier
13/01/1999