"Apparition parisienne" - Technique mixte - [46 X 38] - Iso Bastier
Près de la caserne
J’habite près de la caserne
Dans un passage peu fréquenté.
Je vis au rythme des sirènes
Dans un atelier du vieux quartier.
Mon horizon se casse sur cour
Planté de zinc et de murs humides
Mais mon jardin est fait d’amour.
Fenêtres végétales. Voisins arides.
Les maliens errent sur les pavés
Boubous, bébés, couleurs filantes.
Des hommes sur des plots amarrés,
Voyageurs d’une rue vivante.
Je suis une fille des faubourgs
Qui se bat pour se faire respecter,
Que la féminité ne soit pas un recours,
Ou une honte, un poids à porter.
J’ai le regard fier, le pas assuré.
Les échos ne me font pas peur…
Qu’importe des ragots murmurés,
Ma légende prend de la grandeur !
J’habite tout près de la caserne.
Là où les passions se déchaînent,
Manifestations et drapeaux en berne,
Place de la Nation brisant ses
chaînes.
Le Paris des révolutionnaires
De la Bastille jusqu’à la maison.
Clameurs et cris du peuple en colère !
Le coin connaît des irruptions.
Passée l’île Saint Louis puis les
marais,
Non loin des charrettes des
maraîchers,
A l’orée du bois se disent des
secrets,
Se concluent d’indicibles marchés.
J’habite près de la frontière,
Entre l’Histoire et la banlieue.
Les arbres ici se tiennent au vert.
Près des lacs se promènent les vieux.
Les chiens courent. Les âmes errantes
Se damnent pour quelques distractions.
Huttes, sacs de couchage et tentes
Pullulent. Purulante insatisfaction.
J’habite la trame parisienne,
Ce réseau sur les catacombes.
Je vis au rythme des sirènes
Dans l’angoisse d’autres bombes.
Iso Bastier
18/11/2017
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