samedi 15 novembre 2014

L’air marin


"Voyage" - Huile - [55 X 46] - Iso Bastier



L’air marin


J’ai largué les amarres,
Vu la terre s’éloigner,
Flotté dans la nuit noire
Aux reflets d’eau brisée.

J’ai évité les récifs,
Essuyé les tempêtes,
Subi le soleil incisif,
Prié pour que ça s’arrête.

J’ai voyagé en solitaire,
Apprivoisé la liberté,
Goûté aux aubes légères,
J’en ai tiré de la fierté.

J’ai pénétré l’horizon,
Reporté l’heure du retour,
Oublié l’ancre d’une maison,
J’en ai fait des détours !

J’ai bu l’air mélodieux,
Chanté avec les sirènes,
Croisé des courants odieux,
Touché des vagues amènes,

Jeté des bouteilles à la mer,
Sombré dans l’obscurité,
Disparu dans la lumière,
Vécu dans l’insécurité.

J’ai avalé des océans,
Suivi des songes d’étoile,
Fait des brasses de géant,
Hissé haut ma voile.

J’ai investi le ciel,
Caressé les oiseaux,
Transpiré eau et sel,
Salué les bateaux.

J’ai parlé au silence,
Dormi l’œil ouvert,
Parcouru la distance,
Echappé aux éclairs.

J’ai tenu la barre
Jusqu’au bout de l’exil
Jusqu’à en avoir marre
De la beauté des îles.

J’ai pleuré du Crystal,
Ri des torrents de pluie,
Guetté ma terre natale
Pour y achever ma vie.


Iso Bastier
15/11/14



mardi 28 octobre 2014

Le pouvoir d’un baiser




Le pouvoir d’un baiser

 

 

Sur ta nuque je m’abandonne

En courant d’air qui frissonne

Alors voici que le vent se lève

Et tait les mots entre nos lèvres

 

Le silence nous a possédés

Depuis je n’ose plus te toucher

De peur de faire sensation

Sans doute d’y laisser la raison

 

Que le soleil nous pardonne

Lui qui meurt comme il rayonne

Je ne maîtrise pas mes rêves

Où tu m’étreints telle une fièvre

 

Mon âme se livre obsédée

Avec l’envie de te coucher

De confesser mon affection

Pour que tu tues mes oraisons

 

Sur ta nuque je m’abandonne

Ton cœur dans ta poitrine sonne

L’alarme d’un désir passionné

Voilà le pouvoir d’un baiser

 

 


Iso Bastier

28/10/14

 

 

 

 

 


samedi 11 octobre 2014

Le quotidien


"Résurgence" - Huile - Iso Bastier




Le quotidien

Les idéalistes parlent d’avenir
Les désillusionnés du passé
On s’inquiète pour le devenir
On regrette les joies ressassées

Mais que fait-on du présent ?
Hier éveille les nostalgies
Demain est un bel argument
Que vaut le temps de la vie ?

Qu’on se retourne sans cesse
Qu’on accélère tête baissée
L’instant est pris de faiblesse
Se meurt notre actualité

On gâche à tout politiser
Dans d’immobiles discussions
Où aucun ne sait écouter
Autre chose que sa conviction

Alors l’existence se perd
Et la mort gagne du terrain
A force de paroles en l’air
On maltraite le quotidien


Iso Bastier
11/10/14


lundi 1 septembre 2014

La veillée



"À la bougie"- Acrylique - Iso Bastier 



La veillée

Dans la chambre du mort
Le passé se révèle
Comme les linges sur le corps
D’une blancheur irréelle
Il pourrait bien dormir
Presque en souriant
Mais plus aucun soupir
Ne trouble son chant.
Le chagrin vient de naître
Aux cœurs des abandonnés
Alors on ouvre la fenêtre
Pour que l’haleine de l’été
Pénètre ce vide en silence
Où personne n’ose bouger
Pas même une révérence
Peut-être un dernier baiser…
Son âme flotte-t-elle ici
Surprise de ce qui arrive ?
Croit-elle encore au paradis ?
A une autre alternative ?
La nuit semble si longue
Quoique claire, mystérieuse,
Bercée par la lune oblongue,
Douce et cérémonieuse.
Les bougies sur la table de nuit
Grésillent comme un gros insecte
Dont l’ombre crépite et fuit
Les sentiments qui nous affectent.
L’aube n’y changera rien
Parée de sa robe grise
Elle n’offrira pas de demain
Au voyageur sans valise.


Iso Bastier
1/09/14

jeudi 28 août 2014

L’Ogre


"Love story toward Venus" - Huile - [65 X 54] - Iso Bastier





L’Ogre

Le monstre adorateur de lunes
Se terre dans ton âme d’enfant
La peur persiste telle la rancune
Jusque dans ton corps devenu grand

Le dévoreur d’étoiles filantes
Redoute l’assaut cru du soleil
Les pénombres sont plus vibrantes,
Ces ombres nues aux joues vermeilles

La nuit ne produit que des rêves
Que tu jettes au fond d’une mare
Ce n’est que lorsque le jour se lève
Que s’éveillent les cauchemars

Les contes se taisent au matin
Ils laissent place à nos mensonges
Les aurores sont comme les catins
Elles séduisent puis elles s’allongent
  
Alors tu crois en leurs amours
Aux corps de bruits et de lumières
Que le soir te vole à son tour
Ressuscitant l’ogre d’hier     




Iso Bastier
28/08/14

mercredi 30 juillet 2014

Bile noire



Bile noire


A tout ce que tu n’auras pas lu
Ces mots que j’ai déversés
Parce que les dire je n’ai pas su
Ces émotions qui m’ont renversée

A tout ce que tu ne liras jamais
Mes prisons d’encre et de papier
Mes cellules tracées à la craie
Ce à quoi tu auras échappé...

Ma bile noire ne cesse de sécher
Sur les fils tendus de ma mémoire
Mes passions, mes peines, mes péchés,
Dérives d’une existence dérisoire

A tout ce que tu n’auras pas voulu lire
Nos temps morts comme tes sommeils
Nuées de nuits d’éveil perdues à écrire
Ces obscurités qui portent conseil

A toutes ces paroles déchirées
Remplissant le fond de ma poubelle
Ces feuilles blanches salies et froissées
A supposer que la vie est belle

Ce sang noir que j’ai fait couler
Sans même que tu t’en aperçoives
A toutes ces pensées qui m’ont saoulée
Sans même que tu les conçoives…



Iso Bastier
30/07/14

lundi 7 juillet 2014

Le silence chante en moi

"Forêt" - Huile - [46 X 33] - Iso Bastier


Le silence chante en moi


Le silence chante en moi
Quand du haut de la falaise
Mon cœur de vent, de glaise
S’ouvre et enfin se déploie

Son corps éthéré libre plane
Au-dessus des eaux chromées
Tel un étrange oiseau-deltaplane
Que le grand inconnu a aimanté

La distance vibre en moi
Quand du haut de mon malaise
Les pensées qui me déplaisent
S’échappent au large, se noient

Leurs ondes font des vagues
Où de beaux poissons argentés
Se dispersent et divaguent
Dansent en mouvement coulé

L’existence se joue de moi
Quand le sens n’est que foutaise
Que l’âme livrée à la fournaise
S’abandonne aux sourds émois

Les profondeurs sont infinies
Insondables et dangereuses
Elles rejoignent de vastes galaxies
Peuplées de créatures nébuleuses



Iso Bastier
7/07/14


mardi 7 janvier 2014

A mon père




A mon père

Nous sommes passés près de l’autre sans le voir,
Sans considération, sans se laisser le moindre espoir.
Nous aurons traversé les pièces blanches de nos mémoires
Sans compassion et sans jamais s’y asseoir.

Nous aurions pourtant eu  la grâce de le faire
Si nos yeux si bleus avaient eu le regard clair
Mais l’orgueil et le temps sont de vrais adversaires
Qu’aucun de nous deux n’aura su faire taire.



Iso Bastier
7/01/14

lundi 6 janvier 2014

Les héroïnes


"Le voyage d'Iso" - Huile -  (55 X 46] - Iso Bastier



Les héroïnes

Les héroïnes aiment la lecture.
Elles se nourrissent d’aventures,
De rêves étranges, d’éveils tardifs,
De jolies vagues sur les récifs.

Elles ne marchent pas, elles musent,
Ne s’amènent pas mais s’amusent
Sur tous les fronts qu’elles entrevoient,
Elles tissent des drapeaux de joie.

Les  héroïnes aiment la campagne,
La mer aussi, souvent la montagne,
Les vastes étendues peuplées de vert
Qu’elles parcourent en courants contraires.

Elles escaladent les grands sentiments.
Elles sautent de contes en continents,
Elles ne s’arrêtent jamais en chemin,
C’est écrit dans le creux de leurs mains.

Les héroïnes cachent des blessures
Sous d’arrogants manteaux de fourrure
Qui tiennent chaud à leur corps passionné,
Seul l’ennui les fait frissonner.



Iso Bastier
6/01/14








dimanche 5 janvier 2014

Pluie


 "Chao ab Ordo" - [40X50] - Acrylique - Iso Bastier


Pluie

 

La pluie tient ses promesses

Quand le vent lui fait l’amour

Elle tombe à la renverse

S’abandonne dans la cour

 

Comme l’amante s’échappe

Pour fuir le firmament

Avant que ne l’attrape

L’enfer des sentiments

 

La pluie est une caresse

Sur les villes alanguies

Elle se courbe et progresse

Pour passer sous le gui

 

Elle épouse les surfaces

Telle une mer céleste

Miroir de mille faces

Diamantaire qu’on déleste

 

La pluie sourit et s’amuse

De nos pâles contrariétés

Les conseils de cette muse

Se boivent avec sobriété

 

Cette belle amazone

Se moque des frontières

Elle qui connait la zone

N’est jamais casanière

 

Elle n’épargne personne

Quoiqu’on se désespère

De sa rareté qui sonne

Le glas dans le désert

 

 

Iso Bastier

5/01/14