lundi 10 décembre 2007

Océan nocturne


"Océan intérieur" - Huile - [73 X 60] - Iso Bastier



Océan nocturne


Le sourire de la lune
N’est qu’une poésie
De plus, la nuit brune
Rêve avec frénésie.

Elle danse en tête
Des dormeurs prisonniers
Du sommeil à la fête
Des tabous délivrés.

Bal d’images confuses
Connexions improbables
Les pensées se diffusent
En vagues innombrables.

Le sombre océan nocturne
S’échoue entre les draps
Des esprits taciturnes
Qui eux ne dorment pas.

Mélodie des soupirs
Ronronnement divin
On ne peut s’assoupir
Qu’en ne songeant à rien.

Des rideaux de paupières
Comme de grands écrans
Projettent en avant-première
La liberté des gens.

Les ombres craignent le noir
Elles serpentent anonymes
Dans les ruelles, les couloirs
Que l’aurore réanime.

La chaleur moite et suave
Des corps gisants d’accalmie
Parvient à former un havre
De paix et de répits.

Tout leur échappe
Ils échappent à tout
Un monde nu les happe
Celui des garde-fous.

Un autre jour les guette
D’un œil encore timide
A l’Est de la planète
Un soleil blanc, humide.



Iso Bastier
10 12 07





samedi 8 décembre 2007

Sur la route


"L'amour"..."Eux" - Huile - Iso Bastier



Sur la route


Quelqu’un m’attend loin d’ici
Sans se soucier de la date,
A l’autre bout de ma vie
Contre un soleil écarlate.

Jeu de patience que le temps,
Jeu de construction dans l’espace,
Quelque part quelqu’un m’attend
Tandis que les astres se placent.

Il fait doux dans ce songe
D’ailleurs et de possibles,
Un élan vers l’aventure,
La quête d’un être sensible.

J’irai, c’est sûr, j’irai un jour,
Un jour ou l’autre, on verra…
Je passerai pour dire bonjour
Ou bonsoir comme il sera.

Une absence réconfortante,
Des retrouvailles dans la joie,
Une présence peu envahissante
Que celle de l’invité de choix.

Quelqu’un m’espère loin d’ici
Sans jamais consulter l’heure,
Une personne d’un autre pays
Ou plutôt un voisin du cœur.

J’avance à chaque battement
De mon tambour intérieur,
J’ai le rythme dans le sang,
La vie cherche le meilleur.

Je voyage dans tous les sens
Tant que mon corps s’emmêle
Dans la confusion des sens
Jusqu’à ce que l’âme s’en mêle.

Les amis sur le bord de la route
Font des signes imperceptibles
Qui me sèment parfois le doute
Car mon ego est susceptible.

Or je sais que quelqu’un m’attend
Sans s’inquiéter du reste,
Afin de capter mon présent
Par amour plus que pour le geste.



Iso Bastier
08 12 07

samedi 17 novembre 2007

Le désir et l’amour


"X naked" - Acrylique - 2007 - Iso Bastier



Le désir et l’amour


L’ère de la reproduction s’achève,
L’animal en nous fait grève,
Il n’est plus de bon ton de forniquer
Pour que l’espèce puisse subsister.

D’abord le désir, la courtoisie,
L’amour de maintenir l’envie.
La virile attraction de la conquête
Ne part pas constamment de la tête.

La féminine réponse de velours
Fait du désir un vœu d’amour.
De la conception à la contraception,
Les femmes ont changé d’ambition.

Le sentiment, le sexe, l’enfantement
N’existent pas dans le même temps.
Les sensations semblent renchérir
Sur l’incessante quête du plaisir.

De la bête à la piété on se perd
Dans ce que l’extase a de pervers :
Déboussoler les sens et les pensées
Dans l’abstrait des rythmes cadencés

Lorsque la vie s’exhibe et vibre,
Danse en cherchant l’équilibre
Entre le désir et l’amour,
Le carpe diem et le toujours.


Iso Bastier
17 11 07

vendredi 16 novembre 2007

En paix


2 en 1 (by night) - Acrylique - [100 X 65] - Iso Bastier


En paix


Je vais soulager ton front
Du poids de la sévérité,
Il va s’ouvrir sur l’horizon
Pour que tes yeux puissent planer.

De tes lèvres entrouvertes
S’échappe un souffle divin.
La parole te met en alerte
Or tes soupirs sont devins.

Tes paupières en fenêtres closes
Frémissent de ce que tes yeux
S’imaginent quand ils se reposent
Sous tes cils duveteux.

Tes joues roulent sous ma caresse
Qui se perd dans ton cou,
Elles rougissent si on les agresse,
Elles aiment en dire beaucoup.

Ton menton vise volontaire
L’inconnu qui ne l’effraie pas
Tandis que tes narines flairent
Le chemin qu’empruntent tes pas.

Je vais lâcher ta main…
Tu marches seul depuis longtemps
Mais la tendresse fait du bien
Lorsqu’on ne porte pas de gant.

Ça y est ! Tu tiens debout
Avec un sourire insouciant,
Preuve que l’amour vient à bout
Des plus récalcitrants.

Tu ignores les limites
Car tu existes pour quelqu’un.
La solitude est une fuite.
L’affection est un festin.

Tu as la chance d’être aimé
Aussi donnes–tu à ton tour.
L’avarice ne t’a rien prouvé.
La générosité se cuit au four.

Tu cours désormais. Le jour
T’a conduit face à toi–même.
Tu t’es simplement dit bonjour,
Ça a réglé tes problèmes.

Tu ne sinues plus, tu files
Telle une onde positive,
Sur l’écran du monde défile
De nouvelles alternatives.

Ton mouvement est propice
Aux rencontres. Tu communiques
Sur ton angoisse du précipice
Rassuré de n’être plus l’unique.

Car l’autre est là pour toi
S’il a été convié en ami.
Plutôt que de partager l’effroi
Vous partagerez l’envie.

De mieux vous connaître
Vous tirerez profit, un fait.
L’espoir désire renaître
De l’organe qu’est la paix.


Iso Bastier
16 11 2007





Manifestations

 


"So many" - Encre - Iso Bastier


Manifestations


Plutôt que de finir sur la grève,

Certains manifestent, font grève

Alors s’immiscent les vrais rebelles

Dans les rangs de la hargne actuelle.


Soldats de l’ombre contre agents de la paix,

La masse sombre, le pouvoir au guichet,

La violence tue, tristement on dénombre

Plus de dommages que d’intérêts.


La prise d’otages inquiète et persécute

Toujours les mêmes, les imposés

Sur lesquels l’état répercute

L’ampleur des dégâts causés.


Avant que les pourparlers ne s’achèvent,

Certains manifestent, font grève

Mais les révolutions n’ont pas évolué,

Elles meurent avant d’exister.


Les bouches meurtrières, les mains crispées,

Levée de bannières, matraques dressées,

La souffrance appelle la douleur,

Elle n’a rien d’autre à proposer.


On manifeste contre les manifestants

Et la foule devient dangereuse,

Des gens qui agressent des gens,

Des rencontres malencontreuses...


Manifestement.


16/11/2007

Iso Bastier


lundi 5 novembre 2007

Dans le vent

"Explosion" - Huile - [46 X 38] -  Iso Bastier



Dans le vent


Le vent souffle encore plus fort
Qu’un souvenir de typhon tropical
Quand respirer demande un effort
Que le danger transforme le banal.

Un vent colérique, cheveux rebelles,
Les cocotiers plient, se déracinent.
L’attaque de cette eau torrentielle
Noie le décor, l’horizon s’incline.

Une nuit violacée sévit en plein jour,
Un mur de violence s’élève de la mer,
Des alarmes, des cris, des gens qui courent,
Des tornades après l’heure des éclairs.

Survivrons–nous au cataclysme ?
Quelle catastrophe ! Catapultés
Que nous sommes en apocalypse,
Nous perdons de nos facultés.

Toutes ces pensées contre nature
Nées de la gloire d’un dieu de papier
Nous font frôler l’instant de la rupture,
Même la terre espère nous congédier.

Nous nourrissons nos injustices
Comme pour mieux les apprivoiser.
Qu’importe de vivre une ère factice,
Nos passés continuent de pavoiser.

C’est l’errance de l’ours blanc
Sur d’infimes cailloux de glace,
Ce qu’on appelle le réchauffement,
Les espèces que l’humain menace.

Toutes ces îles qui disparaissent,
Ces exodes forcés, cet abandon,
La désolation future que l’on laisse
A ne filer que de la déraison.

La pelote d’énigmes dans nos têtes
Tricote ou tisse ce triste ouvrage.
Le culte de l’argent est une défaite,
Un piège, un gouffre, un marécage.

Au lieu de nous adapter au mieux,
Nous faisons le choix de saborder.
Sans comprendre quels sont les enjeux,
Nous jouons à métamorphoser.

Où mène le Graal technologique ?
Est–ce l’immortalité ou la chute ?
Que faisons–nous de la bioéthique ?
Et quels sont nos parachutes ?

Je parle des piles électriques,
De ceux qui fournissent le courant
Que les politiques alambiquent
Pour se sentir portés par le vent.


Iso Bastier
5 11 2007




jeudi 25 octobre 2007

Hommage aux gens de l’Art


"Ombre parisienne" - Montmartre - 2002 - Iso Bastier


Hommage aux gens de l’Art


Hommage aux gens de l’Art,
Aux passagers du hasard,
Aux interprètes de la vie,
Aux créateurs de joies et d’envies,
Emotions partagées, expériences,
Echanges, chantages, luxuriance,
Luxe, allusions, illusions,
Don de soi et de sa vision,
A l’abordage des suppositions,
Des esquisses, des expositions,
De la fantaisie, de l’audace,
Dérangement des choses en place,
Fuite ou obsession de la réalité,
Aux visiteurs de la vanité,
De l’ego, de l’égal, de la beauté,
De l’original jusqu’au revisité,
Vision remaniée, manies, maniaques,
Des secrets du jour aux lueurs insomniaques,
Du génie au destin, du désir au certain,
Du clapot au silence, au cri lointain,
Des larmes, des sensations fortes,
Du nu au non à la nature morte,
Des entêtés, des entichés, des artistes,
Trop de noms sur ma liste,
Des faiseurs de mondes meilleurs,
Des sourires, des clins d’œil rieurs,
De l’attirance à l’abstraction…
Aux humains en quête d’attention.


Iso Bastier
25 10 07

vendredi 5 octobre 2007

Les dinosaures


"Le petit peuple" - Huile - [55 X 38] - 16 10 98 - Iso Bastier




Les dinosaures


Une guirlande de fleurs,
Des pétales multicolores,
Vaincre la peur par la couleur,
Les promesses sont à éclore.

Un vieil arbre ami et témoin
S’effeuille dans un vent de verdeur,
Son regard porte toujours au loin,
L’horizon ignore la fadeur.

L’herbe grouille et sa peau velue
Se couche plutôt que de plier
Sous le poids de ce qui évolue
Sur elle sans s’en soucier.

Un troupeau de nuages blancs
S’attroupe dans un coin du ciel,
Il gambade en le contrastant,
Saute des haies d’hirondelles.

Un corbeau observe passer le temps
Depuis les hauteurs d’un frêne,
Son œil rond voit en s’agitant
Le monde d’une manière homogène.

La mélodie n’est pas faite que d’air,
Elle coule, berceuse cristalline
Comme la voix d’une rivière,
Traîne luisante de la colline.

Il arrive que jaillissent un cerf
De bois majestueux couronné,
Des familles de ragots, des mammifères
Etranges tapis dans les fourrés.

La vie s’active pour le soleil,
Elle répond à la chaleur
Que pas même le sommeil
N’engage à la tiédeur.

La campagne s’époumone
De l’asphyxie des métropoles
Que personne ne sermonne
Parce qu’elles font l’obole.

Les saisons se consument,
La planète lutte, se bat
Contre ceux qu’elle exhume
Peu après leur premier pas.

L’argent remplace la sagesse,
La technologie pallie à la générosité,
L’homme s’égare et se presse
De ne plus rien mémoriser.

Il se méfie de la nature
Comme il se craint lui-même.
De ses pensées contre nature
Naissent bien trop d’extrêmes.

Son rêve vire au cauchemar,
Vallées de bitume, allées en béton,
Des habitats tels des placards,
La pointe de la civilisation…

Rien ne change, tout évolue
Influe sur l’humanité,
Les dinosaures n’ont pas survécu
Jusqu’où pourrons-nous aller ?



Iso Bastier
5 10 07

jeudi 4 octobre 2007

Ecriture nocturne


"Funambule" - Pastel Gras - Iso Bastier



Ecriture nocturne


Puiser au fond de ses veines
L’encre qui éveille les récits
Pour que la nuit ne soit pas vaine
Couchée sur les toits de Paris

Flirter avec cette aura légère,
Douce, à la tonalité orangée
Que les réverbères suggèrent
Aux dormeurs sans les déranger

Etre mystérieusement invisible
Blotti dans des replis d’obscurité
Qu’une bougie rend accessible
Dévoilant une autre réalité

Ecrire pour ne pas faire de bruit
Lorsque le flot se perd
Que les écrans sont alanguis
En veille pour les endormis

Dansent graciles les ombres
Sur les murs épris de silence
Valses enivrantes, tangos sombres
Entrechats et révérences

Le temps coule telle une rivière
Eau calme, luisance ronronnante
Roulement d’éclats de lumière
Humidité environnante

Solitude joyeuse et sereine
Se déversant sur le papier
Afin que l’histoire nous entraîne
Sur l’onde des rêves éveillés

Se libérer des codes obséquieux
Parcourir les lignes jetées en mer
Les mots, les phrases, les aveux
Biles noires, le feu des chimères

S’offrir aux pages vides d’un cahier
Pour combler sa peur du néant
Plonger dans le blanc, se réfugier
Se répandre en le remplissant

Tandis que des soupirs de sommeil
Volent dans les plumes des oiseaux
En voler une au nom du soleil
Ecrire avant qu’il soit trop tôt

Le monde n’est pas qu’aux lève-tôt
Mais à l’esprit qui ne dort jamais.
Penser à la vie qui reprendra bientôt
Juste avant de refermer le carnet

Respirer l’ambiance salutaire
Fermer les yeux avant le jour
Qu’aucun ne parvient à faire taire
Quand il s’immisce sur les faubourgs



Iso Bastier
4/10/07







mardi 25 septembre 2007

Paris




Paris


Paris, ville défi,
Vélos, voleurs, vie,
Filles, sauveurs, sosies,
Festins et anémies,
Histoires sur les trottoirs,
Les avenues, les boulevards,
Réverbères, peur du noir,
Ruelles, pas, tortillards,
Lumières et opacités,
Passerelles, passagers
Grouille l’humeur de la cité.
Le carrefour, les messagers,
Les touristes, les tarots,
Les cafés, à l’extérieur les mégots,
Les brasseries s’animent bientôt,
Les bars font naître les ragots,
Les ragoûts, les affaires de goûts,
Les dégâts, les travaux, les égouts,
L’éboueur photographe,
Le taxi poète,
Le banquier chorégraphe,
Quantités d’étiquettes,
L’éthique, l’éther, l’Afrique,
Les rites, les ratés, les cliques,
Les barres, les barrés, le fric,
Chinatown, les boutiques,
La mode et le désordre,
Les people prêts à mordre,
Stress des agents de l’ordre,
Tirer, se taire, se tordre
Dans les bras de la capitale
De cette France sentimentale,
Fragile fleur occidentale
Qui a ouvert tous ses pétales.



Iso Bastier 
25 09 07

lundi 24 septembre 2007

Il n’y a pas


"Contemplation" - Huile - [41 X 33] - 23 04 99 - Iso Bastier


Il n’y a pas


Il n’y a pas de volonté sans désir,
Pas plus que d’intérêt sans plaisir,
D’évolution sans peur et propagation,
Pas de provocation sans réaction.

Le silence est une valeur sure,
Il fait pâlir les idioties,
Il effraie comme il rassure
Au gré de nos facéties.

Le bruit s’impose et circule,
Il se répercute en mouvements
Que les mauvaises langues manipulent
Pour mieux vous percer les tympans.

Il n’y a pas d’amour sans respect,
Pas plus que d’amitié sans confiance,
Pas de caresses qui fassent effet
Si l’esprit n’est pas en alliance.

Le jour est fait pour les marchands,
Tous ceux qui rêvent des étoiles,
Qui se lèvent pour faire de l’argent
Mais qui se coucheront à poil.

La nuit escorte les marginaux
En quête des soleils de minuit,
Ils s’égarent se croyant originaux,
Se réveillent vidés de leur énergie.

Il n’y a pas d’enfants sans avenir,
Pas de naissances sans passé,
Pas de vieux qui n’aient su grandir,
Ni de places à débarrasser.

La chaleur appartient au vivant,
Elle est comme un repos fragile
Pour ce corps qui se donne tant,
Une douceur, un échange subtil.

Le froid chante l’air du néant,
Il frissonne, tremble et se fige
Pour conserver toujours présents
En son sein nos derniers vestiges.



Iso Bastier
24 09 07

dimanche 23 septembre 2007

Colère




Colère


Avec la rage au ventre
Et l’œil rivé au sol,
Tu fonces vers le centre
Sans mettre de bémol.

Bien que très amoché
Tu avances volontaire.
On t’a tout reproché,
Là, tu sors prendre l’air,

Faire exploser les murs,
Descendre les immeubles,
Taire le dernier murmure,
Brûler photos et meubles,

Déchirer la toile obscène
Qui englue le quotidien,
Penché au-dessus de la Seine
Parce que tu crains les requins.

Tu fais claquer tes pas,
Tes pieds vont où ils veulent,
Rien ne les arrêtera
Piétinant ce jour veule.

Absurdité de la lucidité !
Ton corps ému frémit d’horreur,
Tes yeux connaissent l’humidité,
La nausée te vient au cœur.

Tu rechignes à marcher droit,
Ce que tu veux c’est courir,
Tenir debout est déjà adroit,
La difficulté est de s’y maintenir.

Conserver de sa dignité,
Encore prier l’horizon
De continuer d’exister
Du bitume jusqu’au gazon.

Hurler à gorge déployée
A s’en faire trembler la glotte
Pour que la ville soit effrayée,
Que ses ombres grelottent.

En vouloir à la Terre entière,
S’en prendre au premier venu :
Qu’il retourne en arrière !
Tu n’aimes pas les imprévus.

Feux d’artifice de nerfs,
Bouquets somptueux, lueurs,
Eclats de voix, éclats de verre,
La sauvagerie à ses heures.

L’animal méprisant la nature
Tourne en rond dans sa cage
Menaçant sa propre culture,
S’enlisant dans ses marécages.

Tu fuis tes fois, tu défailles,
Tu bascules, chutes, dérailles,
Tu te précipites dans tes failles,
Tu vocifères, tu geins, tu brailles,

T’égosilles… Ne te répond
Que ton écho angoissant
Qui seul ose et interrompt
La course folle de ton sang.



Iso Bastier
23 09 07

lundi 10 septembre 2007

Bout du monde


"Manipulation" - Huile - [55 X 46] - Iso Bastier


Bout du monde

Nous sommes revenus
Du bout du monde.
Toucher la peau nue
De cette Terre ronde.
Nous n’avons rien vu,
Que nos ombres derrière
Et devant l’imprévu,
L’horizon comme barrière.
Nous entendions nos pas,
Nous écoutions le vent
Sans crainte du trépas
Ni de l’auparavant.
Nous marchions silencieux,
L’œil accroché au chemin
Qui conduisait aux cieux,
Au soleil carmin.
Nous étions sauvages
Puis plus civilisés,
Restait à prévoir le partage,
Le goût du parcellisé.
Les batailles ont fait rage
Or on parlait d’amour
Pour se donner du courage
A défaut d’avoir de l’humour.
Traversant océans et mers
Nous naissions à l’aventure.
Peu respectueux de la mère,
Nous saccagions la nature.
Conquête de l’espace,
Du mouvement, du temps,
Toujours plus voraces,
Nous inventions l’argent.
Nos tribus s’affrontaient,
L’histoire de la survie.
On se bat pour ce qu’on est
Dans la vie d’aujourd’hui.
Généreux pour nous-mêmes
Dans l’alcôve du confort,
Nous fabriquons des problèmes,
Créons ce qui nous fait du tort.
Nos religions dictatures
Ont vaincus jusqu’aux croyants,
Restent les dieux-nourriture :
Coca Cola, Mac Do Giant.
L’œil carré des machines
Nous commande secrètement,
Nous fait courber l’échine,
Manipule les gouvernements.
Nous sommes revenus
Du bout du monde,
Nous étions des intrus
A l’imagination féconde.


Iso Bastier

10/09/07

samedi 8 septembre 2007

Le voyage amer


"Qui se ressemble" - Huile - [55 X 46] - Iso Bastier



Le voyage amer

Part en voyage ton cœur meurtri,
Endeuillé d’une partie de ton être,
Il bat désormais en horloge trahie
Par l’intemporalité qu’il voit naître.

En t’éloignant tu te rapproches
De l’angoisse que tu fuyais,
Elle fait partie de tes proches,
Même la distance, rien n’y fait.

Tu es obnubilé par une absence,
Une mère, une femme, une douceur,
Tu en oublies ta propre présence,
Hanté par ton espoir de bonheur.

Tu échappes à toi-même…
Tu dérapes. Tu te laisses aller
Mais pas comme on se promène,
Plutôt une amnésique volonté.

L’envie de tout larguer d’un coup,
Tout ce qui te pèse et t’écrase.
Tu préfèrerais vivre debout
Tandis que la société t’envase.

Tu pars comme pour te quitter.
Te dépasser, te surpasser peut-être,
Jusqu’à pouvoir te réinviter
Respectueusement dans ton être.

Sur la lame tu te blesses,
Le tranchant de ta réalité
Est une cruelle caresse
Moins velours qu’aiguisée.

Dans ce reflet d’acier amer
De tes pensées en errante folie,
Tes yeux vagabondent et repèrent
Un visage, une silhouette durcie.

Cette femme étrange que tu vois,
Qui t’émeut parfois aux larmes,
Elle pourrait, cette femme, être moi
Or tu ne fais que sortir tes armes.

Une douleur, un pincement affreux
Qui te lancine, qui te relance,
Cette envie d’avancer à deux,
Ton orgueil en fait une souffrance.

Tu veux tant te prouver
Que tu ne construis que tout seul,
Tu ne partages pas ton intimité,
Si ce n’est avec tes épagneuls.

Tu débordes d’amour martyrisé
Depuis cette idéale abstraction
Qu’enfant tu t’étais imaginée.
Tu te prives d’une nouvelle vision.

Tu te projettes au hasard des rencontres
Sur les corps les plus réjouissants.
Sur ces sourires qui se montrent
Peu à peu plutôt inquiétants.

Tu redoutes le doute, crains les recoins.
Un rien te déroute, un rien de paranoïa.
Tu continues de t’exalter néanmoins
Ne négligeant aucun débat, aucun ébat.

Ta complexe intelligence t’éprouve.
Le couple n’est pas qu’une dualité,
C’est l’autre en toi que tu approuves
Jusqu’à parvenir à l’aimer.

Que de chemins à parcourir
A ton cœur blessé et parti
Très loin pour se redécouvrir 
Aux confins de la belle Asie !

Plus tu t’éloignes, plus tu t’approches
De ce qui te manque vraiment :
Autre chose que des reproches,
Un soutien fort qui te fasse grand.



Iso Bastier
8/09/07







lundi 3 septembre 2007

TV



TV

Comment tes idées-comètes
Commentent-elles mes confidences 
De l’émission où elles émettent
A la télévision des indécences ?

Montre-moi ton Q.I. que je vois ton Q
Après t’avoir mis le point sur le I
Je reste encore convaincu
Par tes arguments les plus jolis.

Allume le feu dans mon poste
Mon quotidien est calciné.
Il est temps que je riposte
Pour ne pas m’enraciner.

La réalité gît dans la boîte
Je vis ce parfait artifice
Depuis ma pièce étroite
Où le jour n’est qu’un maléfice.

Subjugué par tes paillettes
J’apprends tes chorégraphies
Je ne parle pas : je répète
Je ne vois pas : je photographie.

Tes publicités me possèdent
Tu me règles telle une horloge
Des journaux télévisés qui m’obsèdent
Aux nuits du Loft où je loge.

Les beaux sourires-dentifrice,
Les actus et les documentaires,
Les seins neufs de l’animatrice,
Les séries, les spots, le transfère.

Les jeux, les millions, les voyages,
Les cartes postales du bonheur,
Projection de fabuleux mirages
Qui mettent du baume au cœur.

La musique, le flot des images…
L’aquarium-télé se remplit
De couleurs et de personnages
Qui ramènent faussement la vie.

Parer à la solitude. Faire face
A l’écran comme aux habitudes.
Contempler sa propre carapace
Dans l’intimité qu’autres dénudent.

TV – Télé – Télévision
L’art sacré du voyeurisme
Me fait changer d’opinions,
D’émotions, d’absolutisme.

Mon nouveau dieu m’immerge
Dans les contrariétés du monde,
Cette opacité qui m’héberge
Quand mon regard fuit les secondes.


Iso Bastier
3/09/07










vendredi 17 août 2007

Errance


"Les rocheuses - Huile - Iso Bastier



Errance

Vous savez,
L’humanité n’est pas si saine.
Il suffit d’y bien regarder
Pour constater la gangrène.

Elle élague des quartiers,
Elle néantise des pays,
Elle parle pour parler
Sans écouter ce qu’on lui dit.

L’humanité s’auto-nuit.
Elle se condamne. Elle s’indiffère.
Elle creuse au fond du puits
Forte de sa peur de la poussière.

Elle sème la terreur à la source,
La Terre pâlit de cette impatience
Qui contamine les ressources
Mettant l’avenir en balance.

Les dieux actuels sont éphémères,
Ils n’ont d’héroïque que l’envie,
La télévision les met en lumière
Juste avant d’éteindre pour la nuit.

Les enjeux ne sont plus humains.
C’est vrai qu’à bien y réfléchir,
Les machines sont autant de mains
Et pas de bouches à nourrir.

Plus d’arrière. Quel avenir ?
On sera mort heureusement !
Les autres pourront en finir,
Ce ne sera plus important…

Quelle horreur que l’abnégation !
Ces bras qui tombent impotents.
Le no futur des nouvelles générations
Qui se fondent au gré des courants.

Soumise à l’Argent, dépendante,
L’humanité se perd de vue.
Elle traîne comme une âme errante,
Anonyme dans la rue.


Iso Bastier

17/08/07