samedi 25 novembre 2017

Le soir

 




"Pas si loin"- Acrylique - Iso Bastier


Le soir

 

Le soir voile nos pudeurs,

Depuis ces zones indistinctes

Qui apparaissent à pas d'heure,

Lors de visions restreintes,

 

Frémissent les ailes de l'âme

Comme les bras d'un arbre

Qu'un millénaire entame

Mais qui reste de marbre.

 

Flous dans le clair-obscur

Des lumières artificielles,

Nous prenons les mesures

Que le jour rendra irréelles.

 

Nous promenons l'animal

Nocturne à l'orée des secrets.

La nuit ralentit tel un signal,

Un faux jour, un fait exprès.

 

Dans la pénombre des recoins,

Nos ombres libèrent nos pensées

Celles que les tabous dressent avec soin,

Celles qui n'ont pas cours en journée.

 

Nous glissons de l'autre côté

Comme des soleils dans la mer

Curieux de ce qu'ils vont trouver

De l'autre côté de la Terre.

 

Nous coulons dans l'inconscience

Comme la cire molle des bougies,

Songeurs quant aux irrévérences,

Possédés par la transe du Boogie.

 

Les lunaires aussi blancs que la nuit

Dansent de façon spectaculaire,

Ils se démènent telles des furies,

Font des vagues tentaculaires,

 

Des remous, cherchant un remède

Contre les aubes fracassantes.

Ils s'offrent un intermède

Avant de rejoindre la pente.

 

Le soir décuple les ardeurs.

Or depuis ces feux de Bengale

D'où surgissent quelques lueurs,

On s'éprend de la martingale.

 

L'espoir renaît et enivre.

La vie reprend ses droits.

Après tout l'espoir fait vivre

Et le soir comprend ça.

 

 

Iso Bastier

25 11 2017

L'angoisse

 




"Les chats sauvages" - Huile - Iso Bastier


L'angoisse

 

Tu m'as frôlée de ta présence

Tu m'as touchée par ton silence

Soudain ma vision s'est décalée

Dans mon quotidien si bien calé

 

Du flou, des fleurs mauvâtres,

De petites fenêtres acariâtres

Prisonnières de murs aigris

Surplombés par ce ciel gris.

 

Tu as fait exploser le lierre

Qui s'accroche telle la misère.

Un premier rayon est entré,

Je me tenais dans l'entrée.

 

La lumière a tout inondé.

Aussi magique qu’une ondée

De miel, une pluie revigorante

De celles qui savent féconder.

 

Le monde a changé d'apparence

Avec délicatesse, en transparence,

La beauté refaisait surface.

Que rien d'autre ne la remplace !

 

Tu m'as marquée sans cicatrice.

Tu m'as sortie de la matrice.

La vie est sortie de sa boîte.

Elle s'adapte, fuse et s'emboîte.

 

Tu as fait repousser le lierre,

Lui qui peut avaler la pierre,

Recouvre mon jardin intime

Où tu cultivais le sublime,

 

Des flots de fleurs roses et rouges

Qui savaient quand la terre bouge.

Intérieur soigné, confort d'un tapis,

Un vase vide, un frigo bien rempli,

 

Que ta poussière a saupoudré,

Parquet ciré, rideaux poudrés.

Éternuement. Asphyxie lente.

Orage. Le début de la descente...

 

Le monde affichait sa démence

Avec cruauté et sans clémence.

Le quotidien refaisait surface

Quand chaque jour créait la glace.

 

Quand chaque jour créait l'angoisse...

 

 

Iso Bastier

25 11 2017

Déliquescence


 "So many" - Encre Indienne - Iso Bastier


Déliquescence

 

Déliquescence du système

Qui nous recense.

Absurdités capitalistes.

Reniement de la nature.

Que de cases et de listes,

De cachets, de signatures !

Déliquescence du système

Qu'on nous encense.

Banalité surréaliste

De ce qui gâche le futur.

Totalitarisme mondialiste.

Société percluse de fractures.

Déliquescence du système.

C'était perdu d'avance.

Malhonnêteté de l'élite

Qui nous égare, nous pressure.

La société se délite

Plus qu'elle ne nous rassure.

Déliquescence du système

Qui pourtant nous devance.

On gît avant qu'on ne s'alite.

On meurt avant d'être mature.

 

 

Iso Bastier

25 11 2017

samedi 18 novembre 2017

Près de la caserne

"Apparition parisienne" - Technique mixte - [46 X 38] - Iso Bastier




Près de la caserne

J’habite près de la caserne
Dans un passage peu fréquenté.
Je vis au rythme des sirènes
Dans un atelier du vieux quartier.

Mon horizon se casse sur cour
Planté de zinc et de murs humides
Mais mon jardin est fait d’amour.
Fenêtres végétales. Voisins arides.

Les maliens errent sur les pavés
Boubous, bébés, couleurs filantes.
Des hommes sur des plots amarrés,
Voyageurs d’une rue vivante.

Je suis une fille des faubourgs
Qui se bat pour se faire respecter,
Que la féminité ne soit pas un recours,
Ou une honte, un poids à porter.

J’ai le regard fier, le pas assuré.
Les échos ne me font pas peur…
Qu’importe des ragots murmurés,
Ma légende prend de la grandeur !

J’habite tout près de la caserne.
Là où les passions se déchaînent,
Manifestations et drapeaux en berne,
Place de la Nation brisant ses chaînes.

Le Paris des révolutionnaires
De la Bastille jusqu’à la maison.
Clameurs et cris du peuple en colère !
Le coin connaît des irruptions.

Passée l’île Saint Louis puis les marais,
Non loin des charrettes des maraîchers,
A l’orée du bois se disent des secrets,
Se concluent d’indicibles marchés.

J’habite près de la frontière,
Entre l’Histoire et la banlieue.
Les arbres ici se tiennent au vert.
Près des lacs se promènent les vieux.

Les chiens courent. Les âmes errantes
Se damnent pour quelques distractions.
Huttes, sacs de couchage et tentes
Pullulent. Purulante insatisfaction.

J’habite la trame parisienne,
Ce réseau sur les catacombes.
Je vis au rythme des sirènes
Dans l’angoisse d’autres bombes.



Iso Bastier
18/11/2017







vendredi 17 novembre 2017

Paysage

 


"Miss Butterfly" - Aquarelle - Iso Bastier 





Paysage

 

Les vaches encerclées par les mouches

Se baignent dans les flaques de boue.

Les aigrettes blanches les touchent

Immaculées malgré la soue.

 

L'air vibre inconstant et sonore.

La terre est parcourue de frissons.

Le ciel immense nous dévore.

Les eaux scintillent de poissons.

 

Les arbres racontent le vent.

Le sable voit mourir les vagues.

Les femmes chantent aux enfants

Des contes où les cœurs divaguent.

 

Dans la chaleur vaporeuse,

L'esprit s'égare méditatif,

L'âme se rassure rêveuse.

Le soleil est un soin palliatif.

 

Les bateaux partent pour la nuit

Traçant un horizon éclairé

Sous les étoiles et la lune qui

Sourit comme pour les guider.

 

Trajectoire pour le firmament.

Voie Lactée. Pis cosmique.

Les rêves nous font aller de l'avant

Avant l'aube où la faune panique.

 

Monde solaire, éblouissement.

Un point. Un œil dans la mer.

Un refuge pour l'instant,

Un espoir qui date d'hier.

 

Un luxe pour la végétation.

Un havre de paix animale.

Un paradis pour la relaxation.

Un tambour ancestral.

 

En point de suspension...

Un point de chute sur la terre.

Une plage contre l'horizon

Des coquillages dans la lumière.

 

Des ombres d'êtres humains

Se projettent dans l'univers

Humblement, le cœur serein,

Ils s'habillent de vert.

 

 

Iso Bastier

17 11 2017



lundi 13 novembre 2017

La course

 


"Where are you?" - [46X38] - Huile - Iso Bastier 



La course

 

Au commencement nous avons goûté au paradis.

Puis nous avons décortiqué le paradis juste avant de désosser l'amour.

Nous avons alors inventé l'enfer. Les placebos. Les somnifères...

L'irrespect de l'humain et de la Terre.

Nous avons semé de mauvais avenirs jusqu'à avoir peur de devenir.

À l'accéléré, les technologies opèrent. Le numérique s'empare de la sphère.

L'esclavage actuel est capitaliste, uniformateur, anti humaniste.

Au commencement nous avons goûté au paradis.

Il n'est plus qu'artificiel.

Les rêves nourrissent nos logiciels cependant que tout est sous contrôle, que la hiérarchie distribue les rôles.

Les fleurs s'inquiètent au printemps de voir mourir les abeilles.

Davantage que ne s'inquiètent nos dirigeants d'être justes dans leurs conseils. L'humain bientôt n'aura plus cours, lui qu'on croisait sur les faubourgs. Il se fait rare dans le futur. Il devra vivre sous couverture.

Il y a un bout à l'enfer.

On débouche toujours sur de la lumière.

Parce que la nature est un savoir.

Parce que l'instinct est un sauveur.

Parce que l'âme apprend à voir au-delà des limites du cœur.

La biologie devra se battre contre la dictature des machines.

Il faudra baisser l'échine tout en préservant le meilleur.

La foi en la beauté d'un ailleurs.

La joie de voyager en sommeil.

L'art de s'évader en veille.

Au commencement on avait envisagé la fin.

L'Apocalypse. Le frein.

Comme pour nous conforter dans nos erreurs, la nature sonnerait l'heure des tempêtes, des tsunamis, des tremblements, des irruptions...

Un châtiment telle une bénédiction.

Que notre déséquilibre soit remis en question au bout de cette course. Voilà ce que nous demandons à la grande Ourse.

 

 

Iso Bastier

13/11/2017


vendredi 10 novembre 2017

Les comptes

 


"Alien soul" - [55X38] - Huile - Iso Bastier 



Les comptes

 

Le matériel est virtuel

Économise-toi.

L'amour est factuel

Alors donne-toi.

 

Sue pour exister

Sois et bats-toi.

Ne cesse de résister

Fais ta loi.

 

Le temps est éternel

Il compte pour toi.

L'âme est rebelle

Là où le corps ploie.

 

Mue pour progresser

Adapte-toi.

Avance sans agresser

Pas à pas.

 

Le matériel est virtuel

Seul l'esprit compte.

La mort a ceci de cruel

Elle résilie les comptes.

 

 

Iso Bastier

10/11/2017