Le soir
Le soir voile nos pudeurs,
Depuis ces zones indistinctes
Qui apparaissent à pas d'heure,
Lors de visions restreintes,
Frémissent les ailes de l'âme
Comme les bras d'un arbre
Qu'un millénaire entame
Mais qui reste de marbre.
Flous dans le clair-obscur
Des lumières artificielles,
Nous prenons les mesures
Que le jour rendra irréelles.
Nous promenons l'animal
Nocturne à l'orée des secrets.
La nuit ralentit tel un signal,
Un faux jour, un fait exprès.
Dans la pénombre des recoins,
Nos ombres libèrent nos pensées
Celles que les tabous dressent avec soin,
Celles qui n'ont pas cours en journée.
Nous glissons de l'autre côté
Comme des soleils dans la mer
Curieux de ce qu'ils vont trouver
De l'autre côté de la Terre.
Nous coulons dans l'inconscience
Comme la cire molle des bougies,
Songeurs quant aux irrévérences,
Possédés par la transe du Boogie.
Les lunaires aussi blancs que la nuit
Dansent de façon spectaculaire,
Ils se démènent telles des furies,
Font des vagues tentaculaires,
Des remous, cherchant un remède
Contre les aubes fracassantes.
Ils s'offrent un intermède
Avant de rejoindre la pente.
Le soir décuple les ardeurs.
Or depuis ces feux de Bengale
D'où surgissent quelques lueurs,
On s'éprend de la martingale.
L'espoir renaît et enivre.
La vie reprend ses droits.
Après tout l'espoir fait vivre
Et le soir comprend ça.
Iso Bastier
25 11 2017