vendredi 17 octobre 2025

Quiberon


Carnet d'Iso 


Quiberon


Où sont les genêts et la lande, 

Les maisons blanches aux volets bleus, 

Les rues où l'on ramende

Les souvenirs heureux ?


Où êtes-vous mes aïeux ?

De l'autre côté du rivage

Là où vont mourir les cieux

Abandonnant la Côte Sauvage


Que le passé semble loin !

Même les mouettes qui taquinent

Les macareux et les marsouins

Sentent que les jours se terminent


Disparu jusqu'au cinoche

En plein air des passants

Traversant la place Hoche

Qu'on observait en rigolant


Et les niniches colorées

Aux saveurs d'arc-en-ciel

Le caramel au beurre salé

Ne reste que l'industriel


Oui, il demeure l'océan

Immense, sombre et rebelle

Lui seul absorbe le temps

Dans ses vagues immortelles


Je me noie dans sa mémoire

Si profonde qu'elle charrie

Des étincelles dans le noir 

Éclats fugaces de nos vies


Prise dans l'intense courant

D'une liquide nostalgie

Je brasse les beaux sentiments

Îlots où je me réfugie



Iso Bastier 

17/10725


dimanche 12 octobre 2025

Égarement


Carnet d'Iso


Égarement


Nos écorces entaillées de fêlures

Craquent après qu'elles fissurent

Agressées par un climat mortel

Fait de saisons artificielles


Le paradis est une terre glaciale

La chaleur de l'enfer est infernale

Les mi-saisons fondent dans l'indifférence

L'impuissance de l'intermittence


Au fond le voyage s'arrête ici

Dans le mépris absolu de la vie

Qu'importe les distances parcourues

Tout cesse quand on y croit plus


Passent les soleils et les lunes

Dans les ténèbres de notre infortune

Sans même que nous les contemplions

Aveuglés par notre affliction


Nous sombrons dans l'indifférence

Genoux à terre face à la démence

Tout en pleurant sur nos sorts

D'êtres incapables de remord


Nulle part où aller dans les rues

Qui remplacent le jardin disparu

Que des murs noirs qui se dressent

Sans plus nous donner d'adresses


Plus que cette errance infinie

D'âmes privées de leurs esprits

Qui ne savent pas d'où elles viennent

Qui ignorent où on les entraîne


Qu'un brouillard dense comme horizon

Perdues les clés de la maison

Perdu le fil de nos pensées

Dire si nous nous sommes égarés



Iso Bastier 

12/10/25


jeudi 9 octobre 2025

Révolution


Photo IsoLabo23 

  

Révolution


Le temps joue contre nous

Il nous met à genoux

Cruauté de l'horloge

Qui un jour nous déloge


Le gouvernement fantoche

Nuit au drapeau qui s'effiloche

Désormais tous apatrides

Nous errons dans le vide


Nous raccrochant aux débris

De mémoire qu'il nous reste

Vagabondant parmi les bris

D'une société qui nous déteste


Au fond nous n'existons plus

Ni les uns ni les autres

Pour la race des élus

Qui dans le luxe se vautrent


Nous les maintenons en place

Grâce aux richesses que nous créons

Sans en voir jamais la trace

Nous qui nous appauvrissons


Soumis au règne de la terreur

Divisés, abêtis, résignés d'apathie

Nous croulons sous la peur

Des impôts, du chagrin, du déni


Nous râlons, nous gémissons

Mais sans autre courage

Que de faire abnégation

D'être pris en otage


Pourtant le nombre fait foi

Quand le pouvoir est une menace

Pourvu que la cohésion soit

La rebellion naît de la masse


De ce peuple en colère l'éruption

Livra hier une révolution

Or nous voici près du cratère

Hantés par d' anciennes misères


Il est l'heure mes sœurs, mes frères

D'enfin remonter la rivière

D'enfin remonter le temps

De nous mettre les tripes à l'air



Iso Bastier

9/10/25




 

mercredi 1 octobre 2025

Feu de paille



Photo IsoLabo23 

 

 Feu de paille


Le feu me regarde dans les yeux

Alors mon âme vacille

Il danse sur les murs spongieux

Il crépite et frétille


Dans la chaleur de son cœur intense

Se consument les regrets

Qui disparaissent dans l'indifférence

Des cendres aux humeurs de geai


Je regarde la ville brûler

Du haut de la muraille

Le ciel entier est enfumé

On gesticule et on braille


Le feu me regarde furieux

Alors qu'il embastille

Les plus faibles, les plus curieux

Qu'il brille dans mes pupilles


Dans le brasier de son cœur immense

Se débattent des corps inquiets

Qui disparaissent dans l'indifférence

Des élites perchées au sommet


Je regarde le pays brûler

Du haut de la muraille

Le ciel entier est condamné

À se rendre à la grisaille


Le feu me regarde dédaigneux

Alors qu'il nous torpille

Nous ne serons jamais vieux

Ses flammes nous habillent


Dans la chaleur de sa puissance

Se réduit tout ce qui est

Soumission à l'incandescence

Ce qui était se défait


Je regarde le monde brûler

Du haut de la muraille

L' avenir pourra-t-il repousser

Sur ce qui fut un feu de paille ?



Iso Bastier 

1/10/25