mercredi 6 décembre 2023

La rudesse du temps




La rudesse du temps

 

L'équilibre insaisissable

Se nourrit de poussières et de graines

Son paradoxe est d'être instable

Comme la justice n'est pas humaine

 

Même l'horizon sait mentir

Il change en une fraction

Il s'éclaire pour mieux rougir

Tire un trait sur nos illusions

 

Je marche au hasard

Dans ce monde programmé

Sans cette queue de lézard

Qui parvient à repousser

 

Qu'importe la destination

C'est le voyage qui compte

Aucun pilote dans l'avion

Pour nous rendre des comptes

 

Nous avançons pour exister

Car la vie est un mouvement

Une énergie faite pour circuler

Et combler le présent

 

Je marche jusqu'au soir

Dans ce monde enténébré

Par des hommes sans espoir

Prétendus l'élite des vertébrés

 

Qu'importe mes émotions

Seuls mes actes comptent

Quelle sera ma transmission ?

L'existence est si prompte

 

Nous croyons toujours progresser

Quel que soit le cheminement

Même quand il faut reculer

Nous voulons aller de l'avant

 

Nous fonçons têtes baissées

Vers la suite des événements

De peur d'être dépassés

Par la rudesse du temps

 

 

Iso Bastier

6/12/23




vendredi 17 novembre 2023

Dans la nuit



Dans la nuit

 

La nuit ne ferme plus l'œil

Depuis que le jour déraille

Malgré sa larme d'orgueil

Elle aussi dort et baille

 

La nuit ne festoie plus

Elle ne rutile plus autant

Même la lune s'est tue

Le soleil en fait autant

 

La nuit dort sur une oreille

L'autre écoute les sphères

Elle sait faire de l'oseille

En vendant son mystère

 

La nuit est mise à nu

On l'entend moins que le vent

Elle semble plus ingénue

L'ombre lui sied mieux qu'avant

 

Dans cette nuit insomniaque

Je cherche le sommeil

Mais comme tous les maniaques

Je repense à la veille

 

La nuit ne me tutoie plus

Quand le jour m'indiffère

Son silence est un dû

Pour un repos de pierre

 

Dans cette nuit opaque

Je cherche l'inspiration

Le bel œuf de Pâques

Une lueur à l'horizon

 

Que la nuit se rhabille !

L'aurore est un peu fraîche

Dès que l'hiver babille

Que vient la saison rêche

 

 

Iso Bastier

17/11/23


jeudi 16 novembre 2023

L'âme

 


"Cinq" - Huile - Iso Bastier




L'âme

 

J'ai l'âme vagabonde

J'apprends avec le temps

Des hommes que je sonde

Des femmes et des enfants

 

Danse mon vague à l'âme

Avec ces vieillards

Qui jamais ne réclament

Le moindre des égards

 

J'ai cette âme animale

Cabrée devant la cage

Dont l'instinct primal

Préfère la paix à la rage

 

J'ai du bleu à l'âme

Quelques ecchymoses

Toute ta vie tu rames

Espérant une apothéose

 

J'ai cette âme, cet éther

Qui sue depuis mes pores

Cette énergie sur Terre

Ce bel espoir d'un port

 

Mon âme aventurière

Se heurte au hasard

Brandissant sa bannière

Jusqu'à ce qu'il soit tard

 

Je ne vends pas cette âme

Que je préfère voir courir

Insouciante, libre dame

Pas prête à en finir

 

Je me donne corps et âme

À la garder bien au chaud

Au-dessus du macadam

Là où le ciel est beau

 

 

Iso Bastier

16/11/23



mardi 14 novembre 2023

Le rouge



Le rouge

 

Les rivages agressifs

Mettent du rouge à l'horizon

Se dressent quelques récifs

Des lignes de déraison

 

Mais le ciel s'obscurcit

Car la nuit n'est pas loin

Le passé est un répit

Dont l'avenir sera témoin

 

La colère est une tempête

Un ravage sur son passage

Elle monte comme une fête

Elle descend les otages

 

La haine et l'aveuglement

Font parler à l'envers

Le corps porte vers l'avant

Le cerveau fuit les repères

 

Les foules qui dérivent

Mettent du rouge à l'horizon

Du sang goutte sur les rives

Les eaux font des tourbillons

 

Les enfants fous crient

Avant que la Lune paraisse

Ils ne font pas leur nuit

La hargne est une faiblesse

 

Mais le ciel se durcit

Car le jour semble loin

L'aurore tient du défi

Du bleu flou dans un coin

 

L'accalmie est une quête

Un peu d'humanité

Que l'on jette aux bêtes

Juste pour la vanité

 

Du chaos au règlement

Les extrêmes s'entrecroisent

Mentons fiers, arrogants

Les partis pavoisent

 

Les foules s'électrisent

L'horizon passe au rouge

La clameur se grise

De lendemains qui bougent

 

 

Iso Bastier

14/11/23




vendredi 10 novembre 2023

Le début et la fin



Le début et la fin

 

Les grandes civilisations sont des rêves

Qui naissent, grandissent et meurent

De nos fantasmes jamais en grève

Qui tendent vers puissance et grandeur

 

Les grandes civilisations sont des songes

Que l'on oublie le matin venu

Car nos mémoires sont des éponges

Que le soleil assèche et tue

 

Chaque apogée fait l'apologie

Des horreurs, des drames de son époque

Car elle délivre une nouvelle technologie

Qui valait bien qu'on la provoque

 

Chaque apogée précède l'effondrement

Parce que toute fin est un début

Une rotation de l'espace-temps

Pas une ligne continue

 

Nous sommes au début de la fin

À peine conscients du sacrifice

Nécessaire au monde qui vient

Pour s'affranchir de la matrice

 

Nous sommes au début de la fin

L'aube sera révélatrice

Du décès d'autres lendemains

Et de nuits fondatrices

 

 

Iso Bastier

10/11/23


vendredi 20 octobre 2023

À l'ouest



À l'ouest

 

Pourquoi rester ?

J'ai des pieds

Et appris à marcher

Avant tout le reste

 

Oui j'ai dormi

Rêvé de mon esprit

J'ai pleuré puis souri

Avant d'enfiler ma veste

 

Pourquoi manger ?

J'ai déjà digéré

Ton poison inoculé

Le choléra et la peste

 

Oui j'étais soumis

Je vivais à crédit

J'étais un homme gris

Un élément du test

 

Pourquoi continuer  ?

Je n'y ai gagné

Que de quoi subsister

C'est manifeste

 

Oui on m'a promis

Un avenir réjoui

Si je crois, si je prie

Un lendemain céleste

 

Pourquoi m'infliger

Cet espoir ressassé ?

Mon présent sacrifié

Enfin proteste

 

Cette fois c'est fini

J'ai trop nourri

Les meneurs, les nantis

Qui nous détestent

 

Pourquoi saigner ?

Pour mieux donner

De l'or et des trophées

À ceux qui nous délestent

 

Est-ce que je vis

Pour connaître l'oubli

Demeurer un petit

Parmi les modestes ?

 

Ou pour progresser

Profiter et aimer

Être et avoir été

Autrement qu'à l'ouest ?

 

 

Iso Bastier

20/10/23


jeudi 19 octobre 2023

La fin


"Apparition" - Acrylique - Iso Bastier 



La fin

 

Où sont passés les bons sentiments ?

Foulés au pied par l'air du temps.

Dans la tempête nous dérivons

Vers la fin de notre civilisation.

 

Tous les phares se sont éteints.

Reste l'obscurité aux marins

Et des courants faits de récifs

Qui n'ont plus rien d'alternatifs.

 

La Terre n'est plus en vue

D'autre part que depuis les nues.

Qu’en est-il de l'humanité ?

L'avons-nous déjà enterrée ?

 

Nous n'étions que des primitifs

Trop arrogants et expressifs

Qui voulions réécrire l'histoire

De la nature et du hasard.

 

Où sont passés nos repères ?

Ils ont disparu avec nos pères.

Dans l'inconnu nous dérivons

Vers la mort de nos nations.

 

De nos cultures sans lendemain

Qui brûleront c'est certain

Au bûcher d'une nouvelle société

Débarrassée de nos passés.

 

Des planètes sont déjà en vue...

La terre sera mise au rebut

N'offrant plus assez d'espace

À l'expansion de notre race.

 

Nous ne sommes que des primitifs

Trop exigeants, trop impulsifs

Qui voulions prendre le pouvoir

À la nature et au hasard.

 

 

20/10/23


Tapenaze



 

Tapenaze

 

Place de la Nation

Par un soir d'hiver

Réverbères et néons

Faisaient vibrer l'air

 

Devant nos cafés

Assises en vitrine

Nous ne faisions que parler

Entre copines

 

Quand depuis le trottoir

Baigné d'obscurité

M'attira un regard

Sur moi concentré

 

Se tenaient immobiles

Un homme et son chien,

Un colley docile.

Ils me regardaient bien

 

Le grand homme chapeauté

Inclina la tête

Avant d'oser entrer

Accompagné de sa bête

 

« Puis-je m'asseoir ? »

Dit-il en le faisant

 « Je suis venu vous voir

Depuis le lac Léman »

 

Il prit ma main ouverte

En contempla les lignes

Les lèvres entrouvertes

D'une voix sibylline

 

Me dit : « Vous écrivez

À la lueur d'une bougie.

Vous y êtes destinée...

Reprenez vos écrits »

 

 « Virginia Woolf avait

Une main identique...  »

Ses yeux étincelaient

Dans l'ambiance magique

 

 « Ne vous laissez pas influencer

Écrivez coûte que coûte »

Puis il s'est relevé

Et a repris sa route.

 

 

Iso Bastier

19/10/23

mercredi 18 octobre 2023

Moisissure



Moisissure

 

Dans la cave sombre

Des secrets sous scellés

S'agite ton ombre

Par l'opprobre oppressée

 

Dans ce silence humide

Qui sent le moisi

Ton ombre livide

Erre sans sursis

 

Privé de lumière

Ton livre reste fermé

Recouvert de poussière

Point d'histoire à conter

 

La folie n'est pas loin

Elle guette intransigeante

Elle t'épie dans un coin

De ses humeurs changeantes

 

Tu traques en vain l'oubli

Car la mémoire ressasse

Les mensonges sans répit

Les actes dégueulasses

 

Engeolé par ta conscience

Tu étouffes dans le soufre

La vérité est une science

Que seul l'intègre souffre

 

Tu pourris en toi-même

La gorge dans un étau

Plus jamais tu ne t'aimes

Tombée la croix de Tau

 

Au pied de l'escalier

Tu songes à la surface

Il te faudrait parler

Il faudrait te faire face

 

Crever enfin l'abcès

Que le mal dégorge

Faire sortir ce secret

Coincé dans ta gorge

 

Libérer ta parole

Pour secourir ton âme

Que tes pensées s'envolent

Au-delà de ce drame

 

 

Iso Bastier

18/10/23


Les corps



Les corps

 

Qui a raison ?

Qui a tort ?

La guerre est une passion

Qui fait parler les morts

 

La paix n'est qu'un décor

Mobile comme la mer

Que les embruns dévorent

Un répit éphémère

 

Car il y a de la haine

De la colère, des rancœurs

Dans la nature humaine

Qui manque souvent de cœur

 

Qui a raison ?

Qui a tort ?

La guerre est une passion

Qui fait parler les morts

 

La paix n'est qu'un idéal

Que seuls les sages caressent

Mais la cité infernale

Élit ceux qui agressent

 

Les autres marchent au pas

Dans un silence assourdissant

À force de faire profil bas

Ils participent en obéissant

 

Qui a raison ?

Qui a tort ?

La guerre est une passion

Qui fait parler les morts

 

Et fait taire les vivants

Tant qu'il y en a encore

Pour mieux fournir les rangs

Puis empiler les corps

 

 

Iso Bastier

18/10/23


mardi 17 octobre 2023

La danse

 



La danse

 

Le soir s'immisce entre nous

Pour une danse crépusculaire

Nous dansons malgré tout

Hors du monde en colère

 

Doucement, tendrement,

Sans besoin de musique,

Nous devenons mouvements

Loin de ce monde cynique

 

Mon corps tout contre toi

Laisse place à mon âme

Je ressens ton cœur qui bat

Dans tes bras, je me pâme

 

La lune nous sourit encore

Du haut de son mystère

Nous dansons, corps à corps

Malgré la guerre sur Terre

 

Blottie au chaud dans tes bras

Je laisse place au bonheur

Bien que le monde n'aille pas

Nous valsons vers ailleurs

 

L'un contre l'autre, aimés,

Nous irradions de la lumière

Nous voyageons par la pensée

Loin de ce monde amer

 

C'est que l'amour vient à bout

Des horreurs qu'on nous sert

Nous danserons à genoux

Même couchés par terre

 

La nuit s'immisce entre nous

Comme il était à prévoir

Mais nous dansons malgré tout

Nous n'avons pas peur du noir

 

 

Iso Bastier

17/10/23


Enfantillages




Enfantillages

 

La pluie sur ton visage

Prend d'étranges virages

Miroir des expressions

De l'eau parcourue de frissons

 

Il y a de la rage

Se décompose le paysage

Quand la lave fait irruption

Avalant tout sur son passage

 

Il en faut du courage

Pour rester toujours sage

Quand le cœur est en fusion

Qu'il déborde sous la pression

 

Il faut prendre de l'âge

Que l'esprit sorte de sa cage

Dépasse regrets et déceptions

Laissant le corps en nage

 

La pluie sur ton visage

Séchera après l'orage

Du soleil poindront des rayons

Pointus en mines de crayon

 

Reprendra ton voyage

Comme la course des nuages

Repoindra l'horizon

Ses espoirs et enfantillages

 

 

Iso Bastier

17/10/23