jeudi 7 août 1997

Les robots

 


"Mouvements urbains 2" - Huile - Iso Bastier 


Les robots

 

Je ne sais pas si mon cœur

Peut encore me surprendre

Il se moque des heures

Mais il cherche à comprendre

 

Pourquoi ce qui prend vie

Va si vite à mourir ?

Pourquoi certains s'ennuient ?

Que d'autres vont courir ?

 

Pour trouver la beauté

Il faut croire au meilleur

Rechercher la pureté

Rester toujours songeur

 

Regardez dans les yeux

Les foules qui s'égarent

Sans plaisir, sans jeu

Et sans trop de mémoire

 

Mais où vont-elles

De ce pas robotique ?

La vie trop matérielle

Condamne le mystique

 

On leur a tout volé

À ces beaux anonymes

La joie, la volonté

Et l'espoir des cimes

 

Ils n'ont plus qu'à trimer

Pour se voir disparaître

Jamais récompensés

Ils n'auront qu'à renaître

 

Sur les cendres d'un rien

Qu'on a semé pour eux

Vagues reflets d'humains

Aux confins mystérieux

 

En se laissant porter

Ils font vivre les nations

Ils savent supporter

Sans poser de questions

 

Ils veulent être dociles

Pour pouvoir dormir

Quelque part dans la ville

Lorsque celle-ci respire

 

Ils ne savent plus rêver

Ne s'évadent jamais

Souvent tranquillisés

Des hordes de cachets

 

Et de vins sans ivresse

Juste par habitude

Pour calmer trop de stress

Fuir les incertitudes

 

Regardez ces enfants

Aux cernes trop réels

Fatigués et distants

Où luisent leurs étincelles ?

 

Ils pensent à un voyage

D'où l'on ne revient pas

Saturés de sons et d'images

Ils nourrissent les mafias

 

La clarté de leurs vies

Se terre loin de tout

Au fin fond de la nuit

Ils dansent à genoux

 

Sur des rythmes binaires

Qui collent leurs esprits

Comme un pas militaire

Qui comble leur dépit

 

Je ne sais pas si mon cœur

Peut encore me surprendre

Il est libre mais ailleurs

Trop pour vous entreprendre

 

 

Iso Bastier

7/08/1997