mercredi 2 décembre 1998

Cauchemar


"Black" - Encre Indienne - [40X50] - Iso Bastier 


Cauchemar

 

J'ai peine à dormir

J'ai de la peine

J'ai beau m'engourdir

Mes pensées me freinent

 

À quoi rêver encore

J'y songe et je m'y perds

J'ai perdu mon trésor

Il est trop loin sous terre

 

Je creuse des nuits entières

À la force des ongles

Je ne vois que poussière

Et je m'use et je jongle

 

Avec les cailloux, les pierres

Qui s'accrochent à mes mains

Symboles et mystères

De nos restes humains

 

J'ai peine à dormir

Aux heures du pouvoir

Les ombres ont des soupirs

Que l'on ne peut prévoir

 

Je compte les frissons

Qui parcourent mon dos

Comme d'autres les moutons

Les nombres, les magots

 

Comme ces créatures

Qui ne vivent que la nuit

Je vis des aventures

De vampires, de zombies

 

En attendant le jour

Du repos éternel

Ultime mise à jour

De mes rites cruels

 

 

Iso Bastier

2/12/1998


mercredi 7 octobre 1998

D'en haut




D'en haut


Dire que j'avais oublié
Le goût de l'humain
La sensibilité
Qu'on trouve dans le vin

Et cette ivresse intense
Due à l'imprévisible
Lorsque l'on se devance
Qu'on se rend invisible

J'ai retrouvé un corps
Et le don inavouable
De m'en faire un décor
Une frontière inviolable

Mais toujours je regarde
Comme vu d'en haut
D'où je monte la garde
Malgré quelques défauts

Des approximations
Des failles dans la cuirasse
Des interrogations
Des détails dans la glace

Je me laisse approcher
Mais dès que l'on essaie
De trop m'apprivoiser
Je recule à regret

Ce quelque chose en moi
Me rappelle tout de même
Qu'un jour, il est une fois
J'ai pleuré pour qu'on m'aime

Et que tout m'a semblé
Là , prendre de la distance
Je me suis détachée
J'étais même en partance

J'ai regardé d'en haut
Tout paraissait bizarre
Tout est limpide et beau
À quoi sert le hasard ?

J'ai retrouvé l'humain
Et le goût du silence
Je travaille de mes mains
Pour oublier l'absence

Je vois venir les choses
Je les laisse venir
Parfois je m'interpose
Pour ne pas trop souffrir

J'apprends à accepter
Presque autant qu'à sourire
Pour me laisser aimer
Sans trop appartenir


7/10/98