jeudi 2 décembre 1999

L’arcane XIII

"Le fils de Nyx" - Poésie Graphique - Iso Bastier



L’arcane XIII


Je vais encore revenir
Depuis l’autre côté,
Voir là où l’on respire,
Où mon cœur est resté.

Je vais y parvenir.
J’ai déjà pris mon temps
Dans ce monde sans mire,
Sans passé, sans présent

Où un ciel gris-violet
Se peint sur nos esprits
Tel un immense volet
Qui nous coupe de la vie.

J’étais trop visionnaire.
A chacun sa vision.
La mienne est lunaire.
Elle était ma mission.

J’en ai compris le sens
Depuis j’aime la vie.
Mourir est une absence.
Quand on dort, on survit.

Du royaume des morts
Qui m’ont parfois touchée,
Qui m’ont offert leurs corps,
Qui souvent m’ont aimée,

J’ai découvert l’espoir
De n’être plus pressée.
Ils bercent ma mémoire,
Se glissent dans mes pensées.

Les morts pillent les âmes
Juste pour les marquer,
Pour y mettre une flamme
Et s’en faire des colliers.

Ils connaissent la transe,
Savent se faire comprendre.
Terribles quand ils dansent
Pour se faire surprendre.

Le premier arrivé
Envoie de ses nouvelles
Par peur d’être oublié,
Qu’on lui mette des ailes.

Je vais revenir
Depuis l’autre côté.
Il n’y a plus de désir,
On se sent ligoté.

Comme tout se ramifie
Dans le monde virtuel.
Attention à qui se fie
Aux serments artificiels.

Les dieux sont morts ici.
N’existent que les prophètes,
Ceux qui ont perdu l’esprit
En étant à la fête.

Des voleurs de karma
Et des voleurs de corps.
L’occasion fait la foi.
Ni lumière, ni or.

Certains se décomposent,
D’autres tiennent le choc.
Qui dit qu’on se repose
Quand le corps est en toc.

Je vais revenir
Mais je n’en reviens pas,
Ce ne fut pas un plaisir
D’être passée par là.




Iso Bastier
2/12/1999


mardi 26 octobre 1999

Vibrations


"Chao ab Ordo" - Acrylique - [40X50] - Iso Bastier 


Vibrations

J'écris pour me taire
Devant tout ce chaos
J'en veux, je persévère
À la recherche des mots

Ceux de l'exil, ceux de la vie
Un pour chaque étape
La joie, la colère, le répit
Pour une phrase qui frappe

Trop de bruits de violence
L'agression, l'invasion
Trop peu de tolérance
Beaucoup trop de passions

Si peu de mots justes
Dans ce manège à vent
Sans cesse je me rajuste
Je parle avec des gants

Sans avoir la certitude
D'être bien entendue
Que comprendre est rude ! 
Que de malentendus !

Alors que la fourmilière
Se nourrit du soleil
Qu'elle s'accroche à la terre
Espère en ses merveilles

Elle s'éclate en pensées
Elle instaure une hiérarchie
Où l'humain est dépassé
Où l'humain est l'ennemi

Comment comprendre
Nos fragments de mémoire ?
On ne cesse d'apprendre
Quand on souhaite vouloir

À chacun sa lumière
Et ses chemins intimes
À chacun ses mystères
Ses racines et ses cimes

Prendre de la hauteur
Pour nous connecter
Rechercher le meilleur
Juste avant d'y rester

Seule l'âme se prête
Aux sensibles vibrations
Si l'art était d'être
L'Art serait création


Iso Bastier
26/10/1999




 

mercredi 13 janvier 1999

Féerie du malheur

 





"Karma"  - Huile - [41 X 33] - Iso Bastier


Féerie du malheur

 

J'aurais voulu comprendre

Le sens des saisons

Ce qu'il nous faut prendre

À l'heure des moissons

 

Ce qu'il faut savoir dire

À l'oreille des sourds

Comment le leur décrire

Trouver le bon discours

 

Je cherche le souvenir

De ce qu'était la lumière

Comme pour m'en recouvrir

M'en faire une chaumière

 

L'ombre est ici partout

À tel point qu'elle éteint

Tout ce qui vient de nous

Tout ce qu'était l'humain

 

Trop d'étroitesse

Agit sur les esprits

Les met en faiblesse

En souffrance, en soucis

 

C'est qu'on respire mal

Sans l'aube d'un horizon

Car tout semble bancal

Quand rien n'a de raison

 

L'amour en abandon

Devient une violence

Un abysse de passions

Un jeu de l'intolérance

 

L'oubli s'installe vite

Mais les blessures restent

Même quand on les évite

En retournant nos vestes

 

Les sentiments ici

Non plus libre cours

Hormis la nostalgie

Cachée sous des atours

 

Ourlés d'hypocrisie

Nos masques maquillés

Non pas d'autres récits

Que des vies falsifiées

 

J'aurais voulu comprendre

Le sens des saisons

Ce qu'il faut savoir prendre

À l'heure des moissons

 

Or voici qu'on ne cultive

Que tout ce qui détruit

Plus rien ne nous ravive

Plus rien ne nous sourit

 

Pas même les enfants

Qui n'ont plus dans le cœur

Que ce qui vient des grands

La féerie du malheur

 

 

Iso Bastier

13/01/1999